Autonomie

Manque de paille : le dilemme de tous les éleveurs


TNC le 22/06/2021 à 09:51
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Vous allez manquer de paille et les prix actuels vous font pâlir ? Avez-vous pensé aux alternatives pour la litière ? Focus sur les différents matériaux utilisables en litière en conventionnel comme en bio.

Tous les éleveurs ne sont pas autonomes en paille, loin de là ! Un sondage réalisé en 2019 sur Web-agri le prouvait : plus de 50 % d’entre eux en achètent dont un tiers en contrat avec des voisins céréaliers.

Spéculations sur la paille

De plus en plus fréquemment, le prix de la paille atteint des montants records. Jusqu’à 110 €/t dans certains secteurs. Ça a notamment été le cas en 2020, année particulièrement déficitaire en termes de rendements. L’an dernier, 70 % des éleveurs interrogés sur Web-agri craignaient de manquer de paille à l’issue de la moisson. Les annonces concernant la recherche de paille se sont multipliées du côté des éleveurs et les négociants n’ont pas hésité à faire grimper les prix.

Espérons que la moisson 2021 sera un bon cru en termes de rendements en grain mais aussi – et principalement pour certains – en paille…

Pour la litière : se passer de paille

C’est d’ailleurs souvent par manque de paille que de nombreux élevages passent en logettes. « En agrandissant le troupeau, l’aire paillée n’était plus possible : on y passait beaucoup trop de temps et nous n’étions pas autonomes en paille », expliquaient notamment les associés du Gaec des Petits Vaux (Seine-Maritime) dans un précédent reportage. Et ce discours revient souvent.

Pourtant, des alternatives existent avant de réformer complètement le bâtiment pour passer en logettes. En restant en stabulation libre, si la place n’est pas le facteur limitant, les éleveurs peuvent se tourner vers d’autres types de litières. Bois plaquette, miscanthus, copeaux, cannes de maïs, sable… En sous-couche ou en litière complète, ces produits permettent de remplacer tout ou partie de la paille. Les matériaux peuvent également être brassés ou accumulés.

Éleveur bio = paille bio ?

À ce jour, la réglementation n’impose pas aux éleveurs en agriculture biologique de fournir de la paille bio pour la litière de leurs troupeaux. Seule la « paille aliment doit l’être : l’alimentation des herbivores doit être à 100 % bio » confirment les textes. Si cette exception est largement appréciée des éleveurs face au peu de disponibilités de paille bio sur le marché, elle pose néanmoins quelques questions :

  • Quelle maitrise réelle sur la non ingestion de la paille utilisée en litière ?
  • Quid du transfert des éléments contenus dans la paille conventionnelle ? Et quel impact sur les effluents d’élevage ?
  • Quelle cohérence vis-à-vis du consommateur ?

Dans une étude dédiée, le réseau breton Gab-Frab estime par ailleurs que seuls 17 % des éleveurs laitiers bio de la région Bretagne peuvent se passer de l’achat de paille à l’extérieur. Les besoins vont de l’ordre de 0,5 kg/vache/j pour les logettes matelas à 7 kg/vache/j pour les stabulations libres.

Pour une autonomie complète des éleveurs laitiers bio en paille, les surfaces en céréales à paille devraient presque doubler sur la région Bretagne. En d’autres termes, il faudrait consacrer une plus grande part de la surface bio actuelle aux céréales, et ce au détriment des autres cultures, comme les prairies. Forcément, ce scénario est difficilement envisageable. Pour parvenir à l’autonomie en paille litière, les experts du réseau listent alors les leviers mobilisables :

  • utiliser des alternatives à la paille (comme celles précédemment citées) ;
  • réduire le nombre d’UGB ;
  • augmenter la surface en céréales à pailles ;
  • maximiser le pâturage hivernal.

Retrouvez la liste des questions à se poser pour choisir la bonne alternative à la paille (réalisée par le réseau des agriculteurs bio de Bretagne) :

Utiliser des alternatives à la paille pour la litière : les questions à se poser. (©Gab)