Lutte anti-grêle

La Bourgogne investit pour protéger son vignoble


Météo et Aléas climatiques le 20/06/2014 à 14:11
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Pour faire face à des épisodes de grêle de plus en plus fréquents et violents dans leurs vignes, les vignerons bourguignons ont désormais décidé de les protéger. C’est chose faite, avec l’installation d’un nouveau système de protection collectif : des générateurs anti-grêle proposés par l’Anelfa. Simple à mettre en œuvre et relativement économique, ce dispositif ne permet cependant pas d’être protégé avec certitude. Présentation.

Les vignerons bourguignons en avaient assez de subir des orages de grêle à répétition sur leurs vignes. Ils ont donc décidé l’an dernier, après réunion d’un groupe de travail sur le sujet, d’installer le système de protection anti-grêle proposé par l’Anelfa* : des canons anti-grêles, ou « générateurs à vortex ». « Des techniciens installent en ce moment même 34 d’entre eux, ce qui permettra de protéger un périmètre de 9.000 hectares de vignes, ainsi que les terres agricoles qui les bordent », détaille Charlotte Huber, du Service accompagnement à la Confédération des appellations et vignerons de Bourgogne (Cavb).

Les secteurs concernés étant la Côte de Beaune, la Haute-côte de Beaune, le Couchois et la Côte châlonnaise, soit environ 800 exploitations viticoles. Une association régionale a dû être montée (Arelfa), à laquelle les Odg des zones concernées ont adhéré. Le coût moyen de la protection étant de 10 € par hectare la première année, puis 7.50 €/ha annuels.

Les techniciens en installent actuellement six par jour, à raison de deux heures en moyenne nécessaires par générateur. Le dispositif et le principe de fonctionnement sont plutôt simples : une cheminée reliée à deux bombonnes, l’une pour la solution d’iodure d’argent et cuivre, l’autre pour l’air comprimé.

A Volnay (côte d’or), secteur grêlé six fois en douze ans, un générateur a été installé mercredi dernier, à côté de l’aire commune de remplissage des phytos : un espace entretenu, clos, avec de l’espace autour et un local fermé à clé pour entreposer les solutions, donc idéal pour y installer le canon. « L’emplacement exact n’est pas très important, du moment que l’on respecte le maillage d’un générateur tous les 10 km maximum », précise Thiébault Huber, vigneron et président de l’Arelfa. Les quatre personnes volontaires responsables de l’allumage du générateur ont également reçu le jour-même une formation sur la mise en route et l’extinction de la cheminée, des règles de sécurité, mais également sur la formation de la grêle. A l’annonce d’une alerte d’orage de grêle, quatre heures avant l’arrivée de celui-ci, il sera en effet de leur responsabilité d’allumer le générateur.

Mais tous les canons anti-grêle ne sont pas localisés dans le vignoble, loin de là : après étude de l’origine des orages de grêle, il a en effet été décidé de leur installation en amont de la zone grêlée, soit au sud-ouest de la dite zone… à une distance de 40 km de celle-ci, en pleine campagne. « Je pensais que cela serait compliqué de trouver des volontaires mais finalement, cela a été assez facile, témoigne le vigneron. La plupart sont des agriculteurs ; ils sont solidaires et cette protection peut aussi parfois leur être utile, ayant eux aussi des terres agricoles dans la zone. Ce sont tous des bénévoles, mais nous avons prévu une rétribution sous forme de vin pour les remercier ! ».

La réussite du dispositif repose en effet sur le collectif. Un allumage simultané de l’ensemble des 34 générateurs est impératif pour créer un nuage homogène d’iodure de cuivre et d’argent, qui couvrira toute la zone concernée. « Si certains ne jouent pas le jeu, il peut y avoir des « trous » dans le nuage donc dans la protection », commente Thiébault Huber.

Un bémol cependant au système : même s’il reste parmi les systèmes les plus efficaces, l’Anelfa précise qu’il permet de se prémunir en moyenne d’un orage de grêle sur deux, soit 50 % d’efficacité… « Il y a des orages de grêle que les météorologues n’arrivent encore pas à prévoir », précise celui-ci. L’ensemble du dispositif devrait pouvoir être mis en route et fonctionner à partir du 20 juin.

N.B : *Anelfa : association nationale d’étude et de lutte contre les fléaux atmosphériques.