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Déforestation

Le Cese demande un plan « protéines » en Europe


AFP le 27/05/2020 à 18:38

Le Conseil économique, social et environnemental français (Cese) demande que Bruxelles lance un plan « protéines » pour lutter contre la dépendance européenne au soja lié à la déforestation, et arrête les agrocarburants de première génération.

« La déforestation menace inexorablement l’avenir de l’humanité », a sévèrement déclaré Martine Vignau, membre du bureau du Cese lors du débat en séance plénière sur l’avis portant sur le rôle de l’Union européenne dans la lutte contre la déforestation importée, voté mercredi par 121 voix contre 13 contre et 7 abstentions.

Alors que l’UE est jugée responsable de 36 % de la déforestation importée liée au commerce mondial (via l’importation d’huile de palme, de pâte à papier, maïs, soja, cacao, bois, caoutchouc et viandes), le Cese souhaite que l’UE améliore d’abord « la cohérence des politiques européennes qui contribuent à la lutte contre la déforestation importée ».

Le conseil relève le lien entre déforestation et développement d’épidémies humaines issues d’animaux sauvages via les rapprochements entre faune sauvage, animaux domestiques d’élevage et l’homme, et souligne le besoin d’une réforme des filières économiques liées à la déforestation.

Dans ce cadre, deux filières sont particulièrement ciblées, celle du soja et celle des agrocarburants.

Un plan protéine européen

Le conseil souhaite notamment que dans le cadre de la révision en cours de la Politique agricole commune (Pac), un Plan protéine européen soit mis en place pour réduire les importations de soja afin de « concrétiser la souveraineté agricole de l’UE », notamment « en soutenant fortement les cultures de légumineuses », en « versant aux agriculteurs et agricultrices des paiements pour services environnementaux » pour les surfaces en prairies ou légumineuses fourragères et en « conditionnant les aides aux investissements des filières animales à la non-utilisation de soja importé ».

Le conseil est aussi favorable à une « sortie progressive des agro-carburants conventionnels » et « leur suppression totale au plus tard en 2030 dans le cadre d’une révision de la directive européenne RED II en mettant fin au plus tard en 2022 aux mécanismes de défiscalisation existants sur ces carburants de première génération », et en réaffectant les subventions de la Pac destinées aux surfaces servant à les produire à la recherche sur les biocarburants avancés.

Une recommandation qui n’a pas manqué de faire réagir les producteurs français d’oléoprotéagineux et de biodiesel, qui ont manifesté leur étonnement quant à cette prise de position du Cese, par la voix du président de leur fédération (Fop), Arnaud Rousseau. « La filière tient à rappeler que les biocarburants sont un levier essentiel de la souveraineté alimentaire, grâce à la production de protéines, en ligne avec les engagements du président de la République en faveur d’un plan protéines », a déclaré Arnaud Rousseau. « La filière est engagée au quotidien dans la lutte contre la déforestation importée et la préservation de la planète, à travers l’évolution des pratiques culturales et la priorité donnée aux graines françaises », a-t-il conclu.

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