Sorgho fourrager

A quel stade ensiler ?


Alimentation et fourrages le 15/05/2013 à 00:00
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Le sorgho mono-coupe s'ensile idéalement au-dessus de 28 % de matière sèche (MS), environ 110 à 150 jours après le semis. Les feuilles de sorgho restent vertes très longtemps alors mieux vaut ne pas ensiler trop tôt, sous peine de voir les jus couler du silo.

Contrairement au maïs fourrage, il n’est pas toujours évident de savoir à quel moment ensiler les sorghos monocoupe. Les variétés de sorgho avec des grains, bien que plus sensibles à la verse que les variétés mâle stérile, sont plus facile à ensiler car leur taux de matière sèche augmente plus rapidement en fin de cycle.

La panicule (l’épi) muri du bas vers le haut. Il faut ensiler lorsque les grains du haut de l’épi sont au stade pâteux et ceux du bas au stade laiteux, soit environ 45 à 50 % de MS pour l’ensemble de l’épi », explique Yannick Landrovie de la Recherche sorgho chez Barenbrug.

« Pour les variétés qui n’ont pas d’épis, c’est l’intérieur de la tige qui détermine le stade de récolte. Pour cela, il faut faire le test du torchon : prendre une tige et la tordre (voir photo). Si le jus coule, c’est que le taux de matière sèche est inférieur à 20 %. Dès que cela ne coule plus, il est possible d’ensiler ». Les feuilles peuvent rester vertes longtemps et ne sont pas un bon indicateur du stade de récolte. Certaines variétés, comme les Bmr Pps, ne s’arrêtent de pousser que lorsque les températures diminuent. Le sorgho reste assez souple d’exploitation et il est même parfois possible d’ensiler jusque fin novembre, après une ou deux gelées blanches, sans nuire à la qualité de la récolte.

Riche en sucre, le sorgho s’ensile, se tasse et se conserve très bien sans conservateur. « Mieux vaut ensiler en brin long, en retirant un couteau sur deux par rapport au maïs et enlever les éclateurs », conseille Jean-Pierre Chevalier, de la chambre d’agriculture de la Drôme.

Si le taux de matière sèche est insuffisant, les jus du silo risquent de couler et le silo devra être muni de fosse de récupération des jus. « En-dessous de 27 % de MS, un silo de sorgho coulera inévitablement et c’est dans le jus que se trouve l’essentielle de la valeur alimentaire, c’est-à-dire les sucres solubles », prévient Jean-Pierre Chevalier.

Il est possible de stocker les ensilages de sorgho et de maïs dans un même silo (une couche de sorgho au-dessus du maïs). A priori, l’ensilage de sorgho ne coulerait pas au silo.

Arvalis a même essayé d’associer directement maïs et sorgho Bmr au champ (4 rangs/ 4 rangs). Cette technique sécurise le sorgho Bmr, sensible à la verse. Ensiler en même temps, cette association a été récolté à 28,7 % de MS avec un volume de 43 % de sorgho à 27 % de MS et 57 % de maïs à 31,5 % de MS. Arvalis prévient toutefois que cette association réduit les possibilités au désherbage. Par ailleurs le sorgho peut également être semé autour des champs de maïs pour dissuader les sangliers d’y faire des dégâts.

Il est également envisageable de drainer le fond des silos un reste d’ensilage, assez sec et bien conservé, voire avec une couche de paille. Pour les éleveurs qui ensilent un mélange de céréales immatures (méteil) avant de semer le sorgho, il est possible de disposer l’ensilage de sorgho au-dessus de la couche de méteil.

« Un éleveur drômois a tenté avec succès d’étaler des couches de foin à la pailleuse, notamment dans le bas du silo, raconte Jean-Pierre Chevalier. A raison d’une tonne de foin par hectare, cela permet de remonter le taux de MS de 1,5 à 2 points et l’ensemble du fourrage est très appètent. » La pulpe de betterave déshydratée permet aussi de remonter le taux de matière sèche, à raison de 5 à 6 kg de pulpe par point manquant et par tonne de fourrage vert. Mais attention au prix d’intérêt de ces pulpes déshydratées.