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Diversification

La percée du bambou géant en France


TNC le 02/09/2019 à 16:38
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Avec une filière déjà bien organisée en Italie, le bambou géant commence à s'installer en France. Ne nécessitant aucun traitement phytosanitaire, cette culture pérenne présente de multiples débouchés de l'architecture à l'alimentation humaine en passant par l'énergie et les cosmétiques...

Plutôt un habitué des jardins, le bambou géant s’installe désormais en France avec une vocation industrielle et commerciale. Forte de son expérience en Italie depuis 2014, l’entreprise OnlyMoso offre aux agriculteurs français une nouvelle possibilité de diversification avec cette culture produisant des nouvelles pousses et des nouveaux chaumes sur une période de 80 à 100 ans. Et sa pérennité n’est pas son seul atout : le bambou géant Phyllostachys edulis assure une fonction environnementale importante notamment. En effet, selon Only Moso, « une forêt de bambou absorbe 4 à 5 fois plus de dioxyde de carbone qu’une forêt « classique » et libère dans l’atmosphère 35 % de dioxygène en plus ». De plus, la culture du bambou ne nécessite aucun traitement phytosanitaire, grâce à ses « propriétés antibactériennes et antifongiques ».

Toutes ces caractéristiques ont séduit Christian Prost, premier planteur en France, qui a implanté une bambouseraie d’une dizaine d’hectares en 2018 dans l’Ain. « Depuis, deux agriculteurs ont aussi planté leur bambouseraie, trois autres vont en planter une cette année et plus d’une quinzaine de projets sont déjà prévus pour le printemps prochain », note Mathieu Gilard d’OnlyMoso. L’entreprise propose aux agriculteurs une aide technique pour la conduite du bambou et dispose aussi « d’activités de recherche et de développement sur la culture. Elle met en place un partenariat avec les agriculteurs pour le rachat des récoltes aux meilleurs prix du marché, sur des contrats de 10 ans ». OnlyMoso  gère également la « promotion et la valorisation du bambou français dans les différentes chaînes de distribution ».

De multiples débouchés

Du bois à l’alimentation humaine, le bambou constitue une matière première renouvelable et durable avec de multiples débouchés. Ses chaumes ont diverses utilisations potentielles : architecture, mobilier, cellulose-isolation, pâte à papier, textile, énergie… De leur côté, les pousses peuvent servir dans les domaines de la médecine et des cosmétiques, ainsi qu’en alimentation humaine. À ce sujet, OnlyMoso commercialise une partie de la production de ses agriculteurs partenaires à travers sa marque « Bambita ». Parmi les produits proposés : du pesto de bambou, qui a reçu le prix de l’innovation 2018 au Sial (section Italie), mais aussi des crèmes ou encore des crackers à base de bambou.

Plantation de bambou géant sur l’exploitation Gilard à Drouges (Ille-et-Vilaine) (©OnlyMoso)

Une culture « adaptée à toutes les régions de France »

D’un point de vue technique maintenant, la culture du bambou semble adaptée à toutes les régions de France, mais « pas à tous les types de sols. Certaines  régions peuvent être plus propices que d’autres », explique Mathieu Gilard. Ainsi sont plutôt recommandés des sols avec « un pH compris entre 5 et 8 », « drainant mais pas trop léger non plus pour retenir un minimum l’eau ». On préférera « les sols limoneux, limoneux-argilo-sableux et limons sableux ». Pour la profondeur, « 90 % de la biomasse souterraine du bambou se situe dans les 30 premiers centimètres du sol. L’idéal reste tout de même un sol avec une profondeur supérieure à 40-50 cm ».

Si la culture du bambou ne nécessite aucun traitement phytosanitaire, deux points d’attention sont essentiels pour assurer le développement des plants : l’irrigation et la fertilisation. Avec des systèmes mobiles ou fixes, la première est obligatoire « au moins pendant les deux à trois premières années pour obtenir une croissance optimale des plants », explique Etienne Dill, responsable OnlyMoso pour la France. Côté fertilisation, « les plantes fournies par Onlymoso ont un engrais à libération lente intégré au terreau dans lesquelles elles sont implantées. Ensuite, il est important d’apporter des engrais équilibrés à la plante 15-20 jours après la plantation. Puis, Onlymoso recommande de réaliser une fertilisation chaque année aux trois périodes suivantes dès l’année de plantation ». Il faut également surveiller le développement des adventices, le semis de trèfle blanc nain éventuellement associé à des graminées peut aider à le limiter.

Autre spécificité : afin d’éviter la propagation souterraine des rhizomes de bambous hors de la parcelle, il est nécessaire de creuser une tranchée périphérique de 60-70 cm de profondeur autour de la parcelle et de planter les premiers plants à 3 m de cette tranchée.

Mode d’emploi de la culture du bambou géant. (©OnlyMoso)

Retrouvez aussi les vidéos Youtube de Mathieu Gilard qui suit les plantations de bambou sur l’exploitation de son père en Ille-et-Vilaine.

La culture « la plus rentable en Europe »

Sur les plans environnementaux et marchés, la culture du bambou géant présente de nombreux avantages. Mais qu’en est-il au niveau économique ? D’après les chiffres recueillis auprès de 900 agriculteurs suivis en Italie notamment, OnlyMoso estime le bambou comme la « culture la plus rentable en Europe » avec une « rentabilité minimale de 34 %/an sur 20 ans ». Pour une production moyenne, le revenu net annuel d’une bambouseraie est de 30 240 €/ha, pondéré sur 20 ans.

Attention toutefois : les premières récoltes démarrant quatre ans après la plantation pour les pousses et 4-5 ans après pour les chaumes, il faut pouvoir assurer, niveau trésorerie, les coûts d’implantation (environ 29 000 €/ha) et les coûts d’irrigation/fertilisation/entretien (environ 2 000 €/ha/an) les premières années. La bambouseraie deviendra alors rentable à partir de la 7e année environ.

Pour plus d’informations sur le sujet > rendez-vous sur le site d’OnlyMoso France.