Traitements antibiotiques

Mammites, problèmes au vêlage et boiteries en tête des motifs


Alimentation et fourrages le 29/11/2012 à 00:00
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En volume, les quantités d'antibiotiques écoulées dans les élevages de vaches, porcs, volailles et autres, ont chuté en France, de 31 % entre 1999 et 2011, et de 10 % pour la seule année 2011. En élevage bovin, les traitements sont principalement liés aux mammites, aux problèmes lors des vêlages difficiles ainsi qu’aux boiteries.

Plusieurs enquêtes ont été menées par l’Anses concernant l’utilisation des antibiotiques chez les ruminants par les éleveurs et les vétérinaires. Hormis en élevage de veaux ou d’agneaux de boucherie, les traitements sont principalement d’ordres individuels et curatifs, ce qui rend la réduction de l’usage des antibiotiques d’autant plus difficile.

Entre 2006 et 2012, les molécules les plus utilisées appartiennent à des familles anciennes comme les pénicillines (utilisées dans 40 à 60 % des traitements), les aminosides (40 à 50 % des traitements) et les tétracyclines (15 à 30 % des traitements en bovin). Le recours aux molécules dites « critiques » pour l’antibiorésistance, comme les céphalosporines de 3e et 4e générations, atteint 19 % des traitements en filière bovine et 24 % pour les fluoroquinolones. Suite au plan Ecoantibio 2017, il pourrait être envisagé d’interdire l’utilisation de ces antibiotiques dits « critiques », ou du moins, d’en restreindre l’usage par les éleveurs.

Cette enquête a également montré l’usage assez fréquent de traitements antibiotiques hors Amm (Autorisation de mise sur le marché) pour une espèce ou une maladie indiquée. C’est notamment le cas dans les élevages ovins et caprins pour lesquels l’arsenal thérapeutique est restreint. En filière bovine, 53 % des prescriptions étaient conformes aux posologies indiquées et aux indications de l’Amm, 31 % étaient sur-dosées et 16 % sous-dosées.

Les quantités d’antibiotiques écoulées dans les élevages d’animaux de rente (monogastriques compris) ont chuté en France, de 31 % entre 1999 et 2011, et de 10 % pour la seule année 2011. Selon Gilles Salvat, directeur de la santé animale et du bien-être des animaux à l’Anses, cette diminution reflète les progrès effectués par les fabricants en termes d’efficacité, avec des doses à administrer plus faibles, mais aussi les efforts des filières pour limiter l’usage de ces médicaments.

Plutôt que de s’attacher aux volumes d’antibiotiques utilisés, le calcul dit de « l’exposition animale aux antibiotiques » reflète mieux la réduction des traitements par les éleveurs. Cet indice montre une baisse globale de 3,7 % entre 2010 et 2011. Selon ce calcul, les baisses d’utilisation les plus importantes ont été enregistrées pour les élevages de porcs (- 29 % sur cinq ans et – 8,6 % sur un an) et de lapins (- 26 % sur cinq ans et – 6,9 % sur un an). Les reculs sont moindres pour les volailles (- 4 % en 2011 sur un an), les bovins (- 3,6 %) et très limités pour les chats et chiens (- 1,5 % en 2011 par rapport à 2010) selon les chiffres de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses).

« Les filières ont été sensibilisées au fait qu’on allait, pour certains antibiotiques, vers un vrai problème de santé publique et il y a eu une vraie prise de conscience des éleveurs et vétérinaires » a commenté Gilles Salvat, en marge du colloque organisé lundi 19 novembre 2012 par l’Anses sur ce thème.

Comme chez l’homme, la surconsommation d’antibiotiques dans les élevages accroît les phénomènes de résistance des bactéries aux traitements, ce qui conduit à des impasses thérapeutiques. Mais ce n’est pas non plus sans poser un problème potentiel pour la santé humaine. L’utilisation trop intense d’antibiotiques dans les élevages « sélectionne des gènes de résistance» qui peuvent ensuite migrer vers des bactéries pathogènes pour l’homme.

N.B : Sources :
Utilisation des antibiotiques chez les ruminants domestiques en France. Bulletin épidémiologique numéro 53/ novembre 2012.
Afp.