Cédric Benoist, FDSEA 45 : « L’eau arrive à hauteur d’épis »
Météo et Aléas climatiques le 03/06/2016 à 18:25
Dans le Loiret, où il a plu jusqu'à 200 millimètres en 15 jours, une partie des parcelles sont inondées, voire submergées. Le préfet, Nacer Meddah, s'est déplacé hier pour constater la situation. Les dommages sont difficiles à estimer mais seront d'autant plus importants que la décrue sera lente.
Les très forts cumuls de pluie enregistrés ces cinq derniers jours en Île-de-France et région Centre-Val-de-Loire, intervenus sur des sols déjà saturés, ont entraîné un excès d’eau important dans les parcelles. Tout le Montargois et le Val de Loire ont subi des débordements massifs de rivières. A l’est du Loiret, les vallées du Loing et de l’Ouanne, avec deux cours d’eau en crue et une rupture de digue sur le canal de Briare, sont particulièrement touchées. « Nous avons eu jusqu’à 200 millimètres en quinze jours, avec des maïs qui viennent d’être semés, parfois sur terres argileuses. De mémoire de coopérative, un événement de cette ampleur n’est jamais arrivé », rapporte Patrice Leloup, directeur de la coopérative Caproga la Meunière.
Hier, le préfet du Loiret Nacer Meddah a visité des exploitations pour constater la situation, en présence de maires et de la FDSEA du Loiret. « Sur certaines parcelles de creux, l’eau arrive à hauteur d’épis. Les sols ont raviné. Une grande partie des maïs vont pourrir. L’excès d’eau en pleine floraison du blé dur va faire exploser le risque fusariose », s’alarme Cédric Benoist, le président de la FDSEA du Loiret. La délégation a visité deux exploitations : un pépiniériste près d’Orléans et une ferme en grandes cultures à Sandillon. Bilan : les cultures horticoles, immergées pendant deux jours, sont perdues, même si la structure des serres n’est pas abîmée. « Côté céréales, un tiers des parcelles de la ferme sont sous l’eau. L’eau arrive à cinq centimètres en dessous de la pointe des épis. Dans le secteur, les exploitations ont aussi des cultures industrielles de carottes, betteraves rouges et haricots, qui peuvent elles aussi être inondées », poursuit Cédric Benoist.
A l’heure où le pic de crue n’a toujours pas été atteint, les dommages sont difficiles à estimer. Ce qui est presque sûr, c’est que peu d’agriculteurs toucheront une compensation pour les dégâts occasionnés. « Aujourd’hui, peu d’exploitants souscrivent à un contrat multirisque climatique (MRC) : ils tirent déjà de tous les côtés au niveau de leur trésorerie, ils n’ont plus les moyens. Par ailleurs, sont considérés comme calamités agricoles seulement les dommages non assurables. Les grandes cultures, les betteraves ou les prairies n’en font pas partie. Et l’état de catastrophe naturelle, s’il est décrété, ne prendra en compte que le bâti et les dommages électriques », explique Cédric Benoist.