Michel Hénin (Québec) : « Eleveurs français, ne vous laissez pas faire ! »
Politique et syndicats le 22/02/2016 à 07:25
Eleveur au Québec, Michel Hénin participe activement à la défense dun système de quotas laitiers. Depuis la fin des quotas européens fin mars 2015, le Canada est devenu lirréductible pays laitier qui résiste encore à la spirale libérale. Membre du mouvement déleveurs « Laitquitable », qui dénombre plus de 3 000 membres sur Facebook, il appelle les producteurs français à « ne pas baisser les bras » pour une meilleure régulation de la production européenne.
« Agriculteurs français, ne vous laissez pas faire ! Je suis très régulièrement ce qui se passe en Europe et plus particulièrement en France. Et je vois un certain défaitisme. Il ne faut pas baisser les bras, car il y a des solutions. Au Canada, notre système de quotas laitiers et notre politique centrée sur notre marché intérieur ne sont pas parfaits, mais ils ont fait leurs preuves pour que nous, éleveurs, vivions dignement de notre métier.
La gestion de l’offre de lait est une vraie . Aucun autre secteur d’activité ne peut se permettre de produire davantage que la demande. Prenez le secteur automobile : je vois mal Renault ou Peugeot produire des milliers de voitures en trop par rapport au marché. Provoquer le surplus n’est jamais profitable au producteur. La surproduction amène inévitablement la chute des prix . A ce jeu, ce sont toujours les intermédiaires qui en bénéficient. De nombreux acteurs de la transformation ont visiblement intérêt à ce que le prix du lait diminue. Car, regardez dans les rayons de vos supermarchés, le prix du lait payé par le consommateur ne baisse jamais.
Croyez-vous encore à l’exportation ? Présentée comme un eldorado durable, La logique libérale et exportatrice n’est qu’un rêve et la demande chinoise n’est qu’un leurre. C’est une erreur de défendre une politique agricole et les soutiens publics qui vont avec essentiellement tournée vers l’exportation. Il faut au contraire revenir à une gestion des volumes pour stopper la surproduction.
Dans un contexte d’hyper-mondialisation où nous voyons apparaître de plus en plus de multinationales surdimensionnées avec pour seul credo l’augmentation des profits, il nous appartient d’être vigilants et combatifs. Oui, nous avons des outils, oui nous avons des solutions ! Au Canada, cela fait des décennies que nous avons compris que la Nous sommes en 2016 et maintenant ce collectif n’est plus seulement régional, ni même national. Il est mondial !
Producteurs de lait au Québec , nous suivons avec grande attention ce qui se passe en Europe. Comme en France, le prix du lait a fortement baissé au Canada à partir de l’été 2015. Pour alerter et dénoncer cette situation, qui a rassemblé plus de 2 000 membres en seulement quelques semaines. Le groupe est rapidement devenu un mouvement de défense de notre système de gestion de l’offre. Car notre dispositif est menacé par le traité transpacifique récemment conclu mais pas encore signé et par les négociations pour le « . Ces traités aboutiront à des importations plus importantes de lait, venant concurrencer notre production. Suite à , nous avons réussi à faire de notre cause un enjeu important de la campagne et amener nos élus et candidats à se prononcer unanimement en faveur de notre système canadien de gestion de l’offre et de commercialisation du lait.
Notre système apporte un équilibre dans le marché. Il permet aux producteurs laitiers de négocier collectivement les prix et planifier la production de lait selon la demande des consommateurs. Cela nous procure un prix stable et surtout équitable.
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Notre système de régulation canadien repose sur trois piliers. D’abord, pour gérer la production, les éleveurs s’engagent à approvisionner le marché canadien en produits de qualité, en quantité suffisante et en évitant les surplus. De son côté, le gouvernement s’engage à
Ensuite, en matière de politique de prix, nous bénéficions de mécanismes permettant de tenir compte des coûts de production. L’objectif est d’avoir un revenu décent nous permettant de vivre de notre production sans subventions.
La commission canadienne du lait (CCL) révise régulièrement les coûts de production et ajuste les prix en fonction de ceux-ci tout en tenant compte de l’indice des prix à la consommation. L’objectif cible étant de
Cette politique offre une juste rémunération aux producteurs et l’assurance d’un approvisionnement régulier et de qualité aux transformateurs.
Par ailleurs, la mise en marché du lait est organisée selon des plans conjoints. Ces derniers permettent de , mise en vente en commun, paiements, frais de transports et de commercialisation. Au Québec, les plans conjoints sont administrés par le syndicat des producteurs de lait du Québec, sous la surveillance du législateur. Ils imposent une négociation avec les acheteurs. De ce fait, ils ne peuvent être considérés comme des monopoles économiques.
Nous sommes persuadés que notre système, juste et équitable, permet à tout le monde de vivre dignement de son travail. est un regroupement d’hommes et de femmes faisant partie d’un village gaulois, qui ont pris conscience qu’ils sont les derniers au monde à bénéficier d’une telle gestion de l’offre. Nous comptons bien la conserver et… l’exporter ! »