Accéder au contenu principal
[Reportage] Gaec de Wittelsheim

Quand le roto de traite se robotise


Élevages bovins lait et viande le 01/01/2016 à 10:25
i-5570

Dans le Bas-Rhin (68), les associés du Gaec de Wittelsheim ont choisi un roto extérieur de 36 postes pour traire 200 à 250 vaches. Le trempage des trayons, lui, a été confié au bras robotisé SR-1, inventé par Boumatic.

Avec l’arrivée de la nouvelle génération, les huit membres du Gaec de Wittelsheim, près de Mulhouse dans le Bas-Rhin, avaient besoin d’investir dans une stabulation performante pour produire 2 millions de litres de lait. Ils ont tout démoli pour reconstruire à neuf au même emplacement. De 2009 à 2013, les associés ont bâti en autoconstruction deux grands bâtiments en « L » qui regroupent 250 logettes paillées sur calcaire damé, une vaste aire paillée pour les taries, une aire d’alimentation et d’exercice extérieure et une salle de traite rotative de 36 postes.

« Au départ, je voulais installer quatre robots de traite, se souvient Michel Rohrbach. J’ai calculé l’ensemble des coûts, les investissements, les contrats annuels, les consommations électriques, le temps de travail… Vu les résultats, nous avons préféré acheter un roto de traite extérieur en robotisant le poste du trempage après la traite. Par ailleurs, avec 250 vaches à terme, j’avais peur de devenir esclave des quatre robots, de ne jamais pouvoir relâcher l’attention entre deux traites. »

Contrairement aux rotos intérieurs (les trayeurs sont à l’intérieur du manège), les rotos extérieurs sont rares en France où les grands troupeaux sont encore peu nombreux. Après avoir visité différentes installations à travers l’Europe et écumé tous les constructeurs de matériel de traite, le Gaec de Wittelsheim a opté pour la marque Boumatic. Les associés ont élaboré avec l’équipementier un prototype de manège de traite répondant à leurs attentes.

« Le roto Boumatic est identique partout en Europe. Nous avons fait ajouter une jupe extérieure et une paroi devant les vaches, avec une gouttière, pour éviter de salir le centre du manège, faciliter le nettoyage et économiser de l’eau. »

Les éleveurs alsaciens sont très satisfaits de leur choix. Avec un chien mécanique dans l’aire d’attente (barrière poussante), 1 h 15 suffit pour traire, à deux, les 200 bêtes actuellement présentes, soit une cadence de 160 animaux à l’heure. L’un des trayeurs prépare les mamelles et les bidons pour le lait à séparer (colostrum ou lait à jeter), tandis que le second branche les vaches.

« La traite est courte. Même si le rythme est soutenu, nous n’avons pas l’impression d’être à l’usine », assure Mathieu Rohrbach, le benjamin de la famille. « Les vaches sont étonnamment calmes dans le roto, c’est agréable. Elles entrent et sortent sans aucun problème, se remettent à ruminer dès qu’elles sont branchées. On croirait presque que faire un tour de manège les amuse. Le nombre de bêtes qui bousent se compte sur les doigts de la main. Je me rappelle, en salle de traite, nous étions souvent repeints de la tête aux pieds ! »

À la différence du roto intérieur, le roto extérieur ne permet pas de garder un œil sur les bêtes une fois celles-ci branchées. Toutefois, l’informatique a changé la donne : les trayeurs guettent régulièrement les écrans tactiles. Le logiciel Smart Dairy de Boumatic affiche le numéro de la vache entrant dans le manège, sa production laitière instantanée, le pourcentage produit comparé au volume attendu et la conductivité de son lait qui, si elle augmente, est révélatrice d’un comptage cellulaire trop élevé.

Un code couleur indique le statut de l’animal : chaleur, vêlage récent, mammites, délai d’attente lait, etc. Il est également possible de trier automatiquement une bête à la sortie de la traite, si son podomètre l’a détectée en chaleur par exemple. Les éleveurs ne voulaient pas transiger sur la qualité du lait et laisser les vaches après la traite sans protection des trayons. « Sur un roto extérieur, il faut normalement une personne pour le trempage, qu’il est difficile d’occuper à plein temps. C’est une tâche simple, toujours identique, donc facile théoriquement à robotiser, notamment en traite par l’arrière », explique Michel Rohrbach.

Les associés avaient entendu parler du bras de trempage robotisé et ont, dès la construction du bloc traite, prévu assez de place pour le robot Boumatic SR1. Placé à la fin du manège, le bras mobile du SR-1 passe entre les pattes arrières des vaches grâce à sa caméra 3D et pulvérise, en quelques dixièmes de seconde, un produit de trempage liquide sur les trayons. Le robot est à l’œuvre depuis mai 2015. « Pour l’instant, rien à signaler. Il remplit parfaitement sa fonction », observent les associés. « Il n’a encore jamais heurté les pattes d’un animal. Si celles-ci sont trop resserrées, le robot n’effectue pas le trempage. »

Ce type d’équipement, coûteux, est plutôt destiné aux troupeaux d’un millier de laitières qu’à ceux de 200. Mais les associés ne regrettent pas leur achat. Ils estiment le retour sur investissement à cinq ans environ ; comparativement au coût d’un salarié pour effectuer cette tâche.

« En plus, le robot ne prend pas de week-end ni de vacances. Et si jamais on en a marre, il n’y a qu’à couper l’électricité ! », plaisante Michel. « Certes, d’autre systèmes de trempage plus simples existent, mais celui-ci est précis et ne gaspille pas de produit inutilement. »