Quelles alternatives aux pyréthrinoïdes ?
Grandes cultures le 03/06/2015 à 14:45
Face à la diminution des moyens de lutte chimique, les maïsiculteurs sont dépendants des produits de protection contre les taupins à base de pyréthrinoïdes, d’une efficacité relative et de persistance insuffisante. L’Agpm présente les solutions proposées par Arvalis-Institut du végétal.
Les taupins, plus précisément leurs larves, figurent parmi les ravageurs les plus nuisibles au maïs en l’absence de capacité de compensation des plantes détruites par le ravageur. Effectivement, 44 % des pertes liées aux ravageurs sont dues aux taupins en maïs grain et environ 37 % en maïs fourrage. Selon l’Agpm, la nuisibilité du taupin entame 7,8 % du potentiel de production nationale de maïs grain et 3,5 % en maïs fourrage. L’abondance des larves varie selon les caractéristiques physico-chimiques du sol et selon les espèces : type de sol, pH, taux d’argile. Une teneur en matière organique élevée favorise les populations de taupins.
Les agriculteurs ont été successivement privés de produits agissant sur le stock de larves (organochlorés, organophosphorés) puis de substances actives efficaces en protection rapprochée (fipronil, néonicotinoïdes). Ils sont désormais dépendants des pyréthrinoïdes dont l’efficacité est irrégulière.
Jusqu’à présent, la protection est basée sur la régulation des larves. Mais les expérimentations de piégeages de masse n’ont pas permis de diminuer les populations de larves de taupin dans les parcelles, ni les dégâts sur les cultures. Une alternative aux solutions chimiques consiste à utiliser des nématodes entomopathogènes. A l’heure actuelle, aucune application en champ n’a été réalisée et les articles scientifiques sont rares. Les résultats des essais sont variables en fonction des souches de nématodes utilisées et de leur efficacité relativement limitée sur les larves de taupin. Cette alternative pourrait être combinée avec d’autres méthodes, comme la pose d’appâts pour attirer les larves de taupin, de manière à en améliorer l’efficacité.
L’utilisation de champignons entomopathogènes, appliqués en plein et incorporés avant le semis, a montré des résultats intéressants pour la protection des jeunes maïs, avec des efficacités supérieures à 50 % en conditions climatiques humides et chaudes après application.
Une autre stratégie consiste à incorporer des granulés de graines de Brassica carinata (crucifère), pour diminuer l’intensité d’attaques de taupins sur maïs et maïs doux. L’emploi d’une substance active insecticide associée à un granulé appât donne des résultats intéressants, réduisant significativement la population de taupins à l’échelle d’une parcelle. Toutefois, aucun produit appât n’est encore homologué en France pour lutter contre les taupins.
Fanny Barsics de l’Université AgroBioTech de Gembloux propose d’identifier les composés organiques volatils, attractifs pour les larves de taupin. La maîtrise du message chimique émis par la plante pourrait permettre de modifier le comportement du ravageur, comme cela a déjà été démontré chez l’orge avec les aldéhydes.
Des investigations doivent encore être menées pour transformer ces résultats scientifiques en nouvelles solutions de protection des cultures. De nombreuses pistes semblent prometteuses dans la protection contre les taupins, mais il n’est pas envisageable à court terme de remplacer les moyens chimiques actuels par des stratégies alternatives.
N.B : Source : Agpm à l’issu d’un colloque organisé par Arvalis le 25 mars 2015 sur le thème « Relever le défi de la protection contre les taupins ».