Économies d’électricité en élevage laitier : optimiser ou investir pour réduire la facture


TNC le 05/12/2025 à 11:38
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D’après Séverine Burel, conseillère à la chambre d'agriculture de Seine-Maritime, « la pompe à vide de la machine à traire consomme 10 kWh /1 000 l de lait environ ». Favoriser un temps de traite le plus efficient possible présente un double avantage ; à la fois pour le trayeur et la dépense en énergie. (© S. Leitenberger AdobeStock)

Avec un prix de l’énergie sans cesse plus élevé, mieux vaut ménager sa consommation. Au niveau du bloc traite, des leviers sont mobilisables pour optimiser l’existant avant de penser à investir dans des installations supplémentaires. Deux conseillères de la chambre d’agriculture ont partagé leurs pistes pour réduire la facture d’électricité.

Le tank à lait représente à lui seul entre 30 et 40 % de la consommation d’électricité du bloc traite, suivi du chauffe-eau avec 30 à 35 % de la consommation. En troisième place, on retrouve la pompe à vide avec 15 à 20 % de la consommation. D’après Anaïs Dubuc, conseillère vaches laitières pour la chambre d’agriculture de la Seine-Maritime, « dans le bloc traite, le tank est le plus gros consommateur d’électricité, mais en traite robotisée, il perd sa première place au profit du robot de traite ou de la production d’eau chaude ».

« Limiter les surconsommations sans investir »

Séverine Burel, également conseillère à la chambre d’agriculture de la Seine-Maritime, a donné quelques leviers d’entretien pour « limiter les surconsommations sans investir », lors d’une intervention sur la thématique des économies de ressources en élevage. « Avoir un tank bien dimensionné est important, s’il est trop grand ça peut occasionner + 10 à 15 % de la consommation », assure-t-elle. Aussi, il est bien que la laiterie soit suffisamment ventilée, de façon à ce que la chaleur dégagée par le tank puisse s’évacuer. Au besoin, le condenseur peut être placé en extérieur, pour que la chaleur ne stagne pas dans la laiterie.

Dans le cas où le condenseur est exposé à la poussière -s’il est à proximité de la stabulation, paillée à l’aide d’une pailleuse-, le dépoussiérer avec une brosse douce ou une soufflette peut permettre d’économiser « jusque 20 % d’électricité au niveau du bloc traite », lance Séverine Burel.

Investir dans un pré-refroidisseur à lait

Pour ce qu’il est des investissements permettant de limiter la consommation d’électricité au niveau du tank, « l’installation d’un pré-refroidisseur en amont du tank permet une économie d’entre 40 et 55 % de la consommation d’électricité du bloc traite » annonce la conseillère.

Sur le principe, avant d’arriver au tank, le lait passe par un circuit dans lequel de l’eau froide circule en sens inverse -compter 1,5 à 2,5 l d’eau par litre de lait-. L’eau capte l’énergie du lait ; elle se réchauffe et le lait refroidit. Au lieu d’arriver dans le tank à 30-35°C, le lait y entre à une vingtaine de degrés. « Le tank a besoin de fonctionner moins longtemps pour l’amener à 4°C ». Enfin, l’eau tiédie qui en ressort est ré-utilisée pour l’abreuvement des vaches.

Séverine Burel alerte « quand on a un pré-refroidisseur, il faut être très rigoureux sur le lavage de l’installation, car le lait subit un circuit beaucoup plus long que le circuit habituel ! »

Côté coût, miser entre 4 000 et 10 000 € pour un système de pré-refroidisseur, selon le système et le dimensionnement.

« La principale maladie des chauffe-eau, c’est le calcaire »

Anaïs Dubuc conseille de nettoyer de temps en temps le chauffe-eau, parce que « la principale maladie des chauffe-eau, c’est le calcaire ». Avec modération, il convient de gratter le calcaire avec une brosse métallique.

Des précautions s’imposent ! Ne pas s’adonner à cette tâche le week-end (au cas où), et prévoir un joint d’étanchéité ! « Pour éviter tout problème, veiller à couper l’électricité qui arrive au chauffe-eau et vider le ballon d’eau chaude » lance la conseillère. Pour anticiper les dépôts de calcaire, on peut aussi placer un adoucisseur d’eau.

Pour limiter la consommation due au chauffe-eau, il est possible de mettre en place un récupérateur de chaleur sur le tank. « La chaleur évacuée par le tank pour refroidir le lait est récupérée pour faire chauffer de l’eau ; cette eau préchauffée à environ 50°C peut être réinjectée dans le chauffe-eau ».

Enfin, le chauffe-eau thermodynamique représente une autre alternative ; il récupère la chaleur de l’air pour chauffer l’eau, avant que celle-ci aille dans le chauffe-eau pour atteindre la température cible. « Le chauffe-eau thermodynamique chauffe l’eau à 55°C maximum, et après c’est l’électrique qui fait l’appoint ».

Un variateur de fréquence pour 15 à 40 % d’économies

D’après Séverine Burel, « la pompe à vide de la machine à traire consomme 10 kWh/1 000 l de lait environ ». Favoriser un temps de traite le plus efficient possible présente un double avantage ; à la fois pour le trayeur et la dépense en énergie.

« Installer un variateur de fréquence à la pompe à vide coûte entre 2 000 et 4 000 € annonce Séverine Burel, et permet entre 15 et 40 % d’économies sur la consommation d’électricité ». Aussi, cela à l’avantage de faire vieillir la pompe à vide plus longtemps, puisqu’elle tourne uniquement à bon escient. Autre bon point souligné par les éleveurs : le niveau acoustique est plus confortable pour le trayeur et les éventuels voisins. Côté entretien, « une pompe à vide classique fonctionne avec un goutte-à-goutte d’huile, alors que là il y a seulement des carters d’huile à vidanger de temps en temps ».

L’éclairage led

Quand l’éclairage représente 8 à 10 % de la consommation d’électricité sur les exploitations agricoles, « utiliser un éclairage led plutôt que des halogènes permet une diminution de la consommation allant jusqu’à 70 % annonce Séverine Burel, d’autant plus qu’en ce moment des entreprises proposent des éclairages gratuitement sous certaines conditions ».

Aussi, ces dispositifs ont une durée de vie supérieure aux halogènes donc on a tout à y gagner !