Contrat de solutions : 7 ans d’engagement pour réduire le recours aux produits phytos


TNC le 04/12/2025 à 09:30
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Les ventes de produits phytosanitaires ont enregistré un recul de 36 % depuis 2008, selon les fabricants. (© Nadège Petit/Banque d'images FranceAgriTwittos)

Sept ans après sa création, l’association Contrat de solutions a réuni à Paris mardi, pour la première fois, l’ensemble de son écosystème afin de présenter un état des lieux chiffré du déploiement de ses actions.

« La transition agricole s’appuie avant tout sur des démarches concrètes, portées par les agriculteurs et les acteurs qui les accompagnent », a déclaré Hervé Lapie, président de l’association Contrat de solutions, qui fait la promotion d’actions concrètes pour réduire l’usage des produits phytopharmaceutiques et préserver les insectes pollinisateurs.

Plus de 120 « fiches solutions »

« Les solutions existent et se déploient », a-t-il affirmé, saluant l’engagement des 44 organisations agricoles publiques et privées partenaires (chambres d’agriculture, coopératives, recherche, industries…). Depuis 7 ans, l’association estime avoir participé à « enclencher une dynamique collective » en faveur de la transition.

Elle comptabilise plus de 120 « fiches solutions », accessibles à tous, combinant différents leviers de la création variétale aux outils numériques, en passant par le biocontrôle, les pratiques agronomiques ou le machinisme. De nouvelles fiches sont en cours de validation : « robotique, réglages et choix des buses ou encore plantes compagnes pour la filière betterave font partie des sujets dans les tuyaux », révèle Clotilde Bois-Marchand, directrice de l’association. « On prévoit également de travailler le sujet du sol ».

Arboriculteur dans la Loire, Henri Mazenod est venu témoigner des avantages de sa conduite d’exploitation (HVE 3) : il sélectionne des variétés plus tolérantes aux ravageurs, a installé des filets anti-insectes, entretient 35 ruches… Il est aussi particulièrement vigilant quant au choix des produits phytosanitaires utilisés vis-à-vis de leur toxicité pour les abeilles et de leur efficacité. Pour lui, le Contrat de solutions montre aux agriculteurs « ce qui est faisable » : « pas de miracles, mais plein de petites solutions qui feront qu’on pourra peut-être encore cultiver demain ».

Le déploiement des solutions avance sur le terrain, en témoigne aussi la pratique du colza associé avec des légumineuses. « C’est l’une des premières fiches que l’on a créée », indique Gilles Robillard, agriculteur dans l’Yonne et président de Terres Inovia. L’association est mise en avant « pour favoriser l’apport d’azote, concurrencer les adventices et réduire la pression des insectes ravageurs d’automne. Mais ce n’est pas si simple sur le terrain, cela demande de l’organisation au semis et un programme de désherbage adapté. » Les surfaces concernées atteignent pourtant aujourd’hui 260 000 ha, soit 20 % de la sole française de colza et une hausse de 40 % depuis 2016.

En pommes de terre, les surfaces cultivées avec des plants certifiés résistants ont augmenté d’un tiers depuis 2017, et 63 % de la sole est désormais pilotée par des outils d’aide à la décision (OAD, permettant jusqu’à cinq traitements économisés selon les conditions climatiques et variétales.

Déployer les solutions à plus large échelle

« Les données montrent des progrès tangibles, mais aussi des freins bien identifiés, selon Hervé Lapie, comme le coût de certains équipements, le besoin d’accompagnement technique ou la complexité de mise en œuvre. L’enjeu est désormais de lever ces obstacles pour permettre aux solutions d’être adoptées à plus large échelle. »

Pour cela, l’association Contrat de solutions s’appuie sur les réseaux de conseil et de distribution, avec l’estampillage des fiches solutions dans leurs guides techniques, leurs sites web et extranet et l’organisation de journées multipartenaires. 13 Chambres d’agriculture régionales sont mobilisées, 20 % des négoces s’approprient progressivement les outils et 21 coopératives sont également investies.

De plus, plus de 50 journées territoriales ont aussi été organisées depuis 2022 pour sensibiliser agriculteurs et apprenants, et favoriser l’appropriation des solutions sur le terrain, touchant plus de 4 000 jeunes et 800 agriculteurs (exploitants et salariés). Les équipes du Contrat de solutions entendent continuer en ce sens, avec un programme dense d’évènements techniques multipartenaires et le développement d’outils pédagogiques destinés aux agriculteurs, apprenants et conseillers.

« On pourrait aussi imaginer un module adapté au sein de la formation Certiphyto, estime Hervé Lapie. Reste à convaincre le ministère de l’agriculture. »

L’association accorde également beaucoup d’importance à la communication positive : « elle est essentielle pour renouer le dialogue avec la société civile et initier une dynamique vertueuse. En effet, les citoyens sont aussi des acteurs du changement, en soutenant par leurs pratiques de consommation les agriculteurs engagés dans la transition agroécologique. »