Plainte de L214 contre deux élevages porcins en Bretagne
AFP le 27/11/2025 à 09:44
L'association animaliste L214 a annoncé jeudi avoir porté plainte contre deux élevages porcins situés en Bretagne, cogérés par Bernard Rouxel, président de la Cooperl, un poids lourd de la filière porcine française, et contre le distributeur Carrefour.
Cette plainte, déposée mercredi au tribunal judiciaire de Saint-Malo et dont l’AFP a obtenu copie, vise les deux exploitations pour « mauvais traitements » sur les animaux ainsi que l’enseigne de grande distribution, qui vend leurs produits, pour « pratiques commerciales trompeuses ».
La direction départementale de la protection des populations (DDPP) a en parallèle mené une inspection mercredi dans l’une des deux exploitations, selon un communiqué de la préfecture des Côtes-d’Armor, ne révélant aucune non-conformité. Les deux élevages intensifs visés par L214 sont situés à Plénée-Jugon et Eréac (Côtes-d’Armor) et peuvent contenir jusqu’à 8.000 porcs.
L’association de défense des animaux évoque notamment dans sa plainte l’ablation de la queue des cochons (caudectomie) et le meulage de leurs dents, des procédés autorisés seulement en dernier recours et s’ils ne sont pas systématiques.
« Le président de la Cooperl symboliquement ciblé »
Selon L214, des photos et des vidéos montrent aussi « l’absence de soins et d’isolement des animaux malades ou blessés », un « défaut d’abreuvement », le placement des animaux « dans des installations insalubres » avec de nombreuses blattes courant sur les murs. « En ciblant symboliquement le président de la Cooperl, L214 essaye de mettre à mal la politique ambitieuse développée par notre coopérative en matière de durabilité », a répondu la société dans un communiqué.
La Cooperl, non visée par la plainte et présidée depuis 2023 par M. Rouxel, précise également qu’un plan de lutte contre les nuisibles, dont les blattes, est mis en œuvre dans les deux élevages et que les animaux blessés sont bien pris en charge et isolés pour être soignés.
Avec plus de 4 500 éleveurs adhérents et 7 500 salariés, la Cooperl se présente comme le numéro un de la production porcine en France. Elle approvisionne notamment les supermarchés Carrefour en jambon ou en lardons et compte des marques comme Madrange ou Paul Prédault. Contacté par l’AFP, Carrefour a qualifié d’« absolument inacceptables » les pratiques dénoncées par l’association.
Le distributeur annonce la suspension immédiate de ses approvisionnements en provenance de la ferme de Plénée-Jugon pour ses produits à marque Carrefour ainsi qu’un audit mené par un expert externe. « À l’issue de l’audit et des conclusions de l’enquête menée par les services vétérinaires, Carrefour décidera d’un éventuel déréférencement complet de ce fournisseur et se réserve également le droit de porter plainte », écrit également le distributeur.