Champagne : prison requise pour hébergement dans des conditions indignes
AFP le 27/11/2025 à 09:14
Rats, moisissures... De la prison ferme a été requise mercredi à Châlons-en-Champagne contre un gérant d'entreprise pour avoir hébergé dans des conditions indignes une quarantaine d'Ukrainiens lors des vendanges 2023 dans le vignoble champenois.
Logés dans de petites pièces avec des rats, des moisissures, des installations électriques non conformes et des infiltrations d’eau, les vendangeurs dormaient sur des lits de camp. Le parquet a réclamé trois ans d’emprisonnement, dont deux assortis de sursis simple, et une interdiction définitive de gérer des sociétés contre le gérant. Une amende de 350 000 euros été requise contre sa société.
Le 8 septembre 2023, la préfecture de la Marne avait pris un arrêté ordonnant la fermeture de cet hébergement collectif situé à Mourmelon-Le-Petit. S’appuyant sur un rapport de l’inspection du travail, la préfecture relevait un « état de vétusté », une absence « de nettoyage », un état « répugnant des toilettes, sanitaires et lieux communs » ainsi que « l’accumulation de matières fécales dans les sanitaires ».
Le mis en cause a reconnu avoir fait preuve de négligence et avoir découvert que les conditions de logement étaient « contraires à la dignité humaine » en allant sur place le jour de l’arrêté préfectoral de fermeture. Il met en cause l’ex-cogérant de la société, qui aurait selon lui géré l’hébergement des Ukrainiens, venus de Pologne. L’homme n’a pas été poursuivi.
Le prévenu a porté plainte pour usurpation de société
Sur les huit Ukrainiens interrogés par les gendarmes, « tous disent que c’est l’ex-associé qui les a amenés sur place, aucun ne cite le prévenu », a plaidé son avocat. Le prévenu a porté plainte pour usurpation de société contre cet ex-cogérant, qui lui aurait « extorqué 400 000 euros », a expliqué son avocat Me Mourad Benkoussa pendant l’audience. L’accusation a alors accusé la défense de « réécrire le dossier ».
Diane de Valbray, avocate du comité interprofessionnel du vin de champagne, a souligné que « ces affaires de traite d’êtres humains, d’hébergement indigne questionnent sur la confiance que le consommateur peut accorder au champagne », dénonçant un « préjudice d’image considérable ». « C’est toute l’image du champagne qui est touchée », a abondé Me Pascal Grosdemange, avocat de la CGT.
Trois personnes avaient déjà été condamnées à de la prison ferme en juillet par le tribunal correctionnel de Châlons-en-Champagne pour traite d’êtres humains, pour avoir exploité et hébergé dans des conditions indignes une cinquantaine de travailleurs, majoritairement étrangers, lors de ces mêmes vendanges 2023 dans le vignoble champenois.
Quatre personnes récoltant le raisin dans la région sont décédées lors de ces vendanges, marquées par un mois de septembre particulièrement chaud. La cour a mis sa décision en délibéré au 28 janvier 2026.