Chais cambriolés et recel de vin : le « gang des grands crus » jugé à Bordeaux
AFP le 26/11/2025 à 13:45
Le procès de douze membres présumés d'un réseau surnommé « le gang des grands crus », dont six Chinois, s'est ouvert mercredi à Bordeaux pour des cambriolages d'entrepôts de vin dont le préjudice avoisine cinq millions d'euros.
Après deux ans et demi de bataille procédurale, la cour d’appel doit juger jusqu’à vendredi les prévenus, poursuivis pour vols avec effraction et en réunion, association de malfaiteurs, ou recel.
Le démantèlement du réseau remonte à décembre 2020 : un vaste coup de filet mené par des gendarmes et des policiers en Gironde, Dordogne et dans la Loire cible alors « différentes équipes de voleurs spécialisés dans les vols de grands crus ».
Une seconde opération, menée en mars 2021 par la gendarmerie dans un centre commercial de vente en gros à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), permet ensuite « d’identifier une importante filière de recel de la marchandise dérobée, composée de commerçants et de restaurateurs de la communauté asiatique », avec des soupçons de filière d’export vers la Chine.
Les enquêteurs ont saisi plusieurs centaines de bouteilles de grands crus du Bordelais – Château d’Yquem, Lafite Rotschild, Angélus, Petrus, Château Margaux, Cheval Blanc – et d’ailleurs, comme des Romanée-Conti (Bourgogne).
Le préjudice inclut un butin d’au moins trois millions d’euros pour le vin, des vols de véhicules ou encore des dégradations. Les cambrioleurs ciblaient des entrepôts de sociétés ou de maisons de négoce, autour de Bordeaux, et agissaient de nuit en utilisant des fourgons volés, selon les enquêteurs.
L’un des principaux accusés est un Girondin de 34 ans, au casier judiciaire déjà lourd, également poursuivi pour violences aggravées et pour le vol avec violence d’environ 1000 00 euros au préjudice de plusieurs de ses coprévenus chinois. Jugé en récidive, comparaissant libre, il encourt 20 ans de prison.
En avril 2023, un premier procès avait été ajourné par le tribunal correctionnel de Bordeaux en raison d’irrégularités dénoncées par la défense dans l’ordonnance de renvoi du juge d’instruction.
L’affaire était remontée jusqu’à la Cour de cassation qui l’avait renvoyée devant la cour d’appel de Bordeaux, sans qu’il y ait eu de jugement de première instance sur le fond du dossier, ni de modification de l’ordonnance visée.
Mercredi matin, plusieurs avocats de prévenus ont encore dénoncé une « violation de leurs droits » – qui fait l’objet d’un autre pourvoi en cassation, toujours pendant. La cour a cependant décidé de joindre ces contestations au fond de l’affaire et d’examiner les faits.