Viticulture : l’Etat annonce un plan de « sortie de crise »


AFP le 25/11/2025 à 08:00

Le ministère de l'agriculture a annoncé lundi une enveloppe de 130 millions d'euros pour soutenir l'arrachage de vignes, et appelé Bruxelles à mobiliser « la réserve de crise européenne », pour tenter de sortir la viticulture française de l'impasse.

La ministre Annie Genevard a fait ses annonces aux représentants du secteur lundi soir à Montpellier, à la veille de l’ouverture du salon professionnel Sitevi où elle doit se rendre, dix jours après une manifestation à Béziers au cours de laquelle les viticulteurs de la région ont exprimé leur désarroi.

« Le gouvernement débloque 130 millions d’euros pour financer un nouveau plan d’arrachage définitif demandé par la profession viticole », afin de « rééquilibrer l’offre et (de) restaurer la viabilité des exploitations en difficulté dans les bassins les plus fragilisés », a indiqué le ministère dans un communiqué.

En complément, Annie Genevard a demandé au Commissaire européen à l’agriculture Christophe Hansen, de « mobiliser la réserve de crise européenne, notamment pour financer la distillation de crise des surstocks non marchands, prioritairement en caves coopératives ».

Ce « plan national de sortie de crise » vient répondre à « une situation dégradée, marquée par les effets du changement climatique qui affectent les vendanges de manière répétée depuis plusieurs années, la baisse continue de la consommation de vin – en particulier des vins rouges – et par des tensions géopolitiques majeures » affectant les exportations, a souligné le ministère.

« Rebondir » 

Le plan prévoit aussi la prorogation en 2026 de prêts structurels garantis à 70 % par Bpifrance. Ceux-ci « feront l’objet d’une révision de leurs critères », a précisé le ministère, nombre de viticulteurs se plaignant de ne pouvoir y accéder.

Enfin, il inclut de nouvelles mesures d’« allégement des charges sociales » : 10 millions d’euros, s’ajoutant aux 5 millions déjà annoncés début novembre.

« Ce nouvel effort financier très important, malgré un contexte budgétaire particulièrement difficile et sous réserve de l’adoption d’un projet de loi de finances, témoigne de la détermination du Gouvernement pour sauver durablement notre viticulture et lui permettre de rebondir », a déclaré Mme Genevard, citée dans le communiqué.

« Il ne s’agit pas d’un énième plan d’urgence destiné à corriger un déséquilibre structurel », a-t-elle assuré, évoquant « un investissement pour redonner un avenir » à la filière.

Aléas climatiques, nouvelles préférences de consommation, impacts des conflits douaniers entre l’UE et la Chine ou les Etats-Unis… la viticulture française cumule les difficultés conjoncturelles mais aussi structurelles.

Le secteur des vins et spiritueux, qui porte 600 000 emplois en France, représente 32 milliards d’euros de chiffre d’affaires dont la moitié à l’exportation.

Vice-président de la FNSEA, en charge de la viticulture, Jérôme Despey, présent à Montpellier, a « salué les annonces, qui étaient attendues par le monde viticole. La France, dans un contexte budgétaire difficile, a répondu à la détresse des vignerons, qui est forte ».

« Réponse à la crise »

Pour lui, ces mesures, qui devront s’appliquer « dans les meilleurs délais » et trouver un complément européen, sont nécessaires pour permettre de « rebondir ».

Jérôme Bauer, président de la Confédération des producteurs de vins et eaux-de-vie de vin à AOC (Cnaoc), a aussi évoqué « une vraie réponse à la crise ».

Selon lui, alors que la filière estime à environ 100 000 hectares la surface de vigne globale « en trop », 27 000 ha ont déjà été arrachés avec des aides et 20 000 sans aide, et cette nouvelle enveloppe devrait permette de prendre en charge quelque 30 000 hectares supplémentaires.

« On connaît la courbe de décroissance de la consommation de vin en France et dans le monde », souligne-t-il, relevant qu’un travail d’adaptation attend ensuite les régions : « il va falloir piloter les vignobles un pas après l’autre, avec des bilans annuels de la production et de la consommation, et qu’on recalibre ».

« Chaque année le secteur viticole ne peut pas demander de la distillation et de l’arrachage », convient aussi M. Despey. « Les viticulteurs ne sont pas passionnés par l’arrachage. On doit maintenant travailler à la reconquête des parts de marchés, avec les conditions d’accompagnement qui viennent d’être annoncées ».