Pour la Confédération paysanne, l’accord UE-Mercosur c’est toujours « non »


AFP le 14/10/2025 à 09:46

« Mortifère pour les paysans » : la Confédération paysanne organise mardi à Paris une mobilisation contre le projet d'accord entre l'UE et des pays du Mercosur, et appelle le président Macron à « tenir son engagement » pour protéger les agriculteurs.

Le 3e syndicat agricole français, rejoint par plusieurs dizaines d’associations et collectifs, appelle paysans, défenseurs de l’environnement ou des consommateurs à se rassembler sur l’Esplanade des Invalides à 12h30 pour défiler, avec quelques tracteurs et en musique, jusqu’aux pieds de la Tour Eiffel.

Tous les syndicats agricoles français sont fermement opposés à cet accord entre l’Union européenne et quatre pays latino-américains du Mercosur, dont Bruxelles a lancé début septembre le processus de ratification et à l’égard duquel la France, hier très opposée, semble depuis se montrer moins défavorable.

« C’est un accord qui va déstructurer notre souveraineté alimentaire, qui favorise la mise en compétition et donc la politique du moins-disant », a affirmé Stéphane Galais, un des porte-parole de la Confédération paysanne lors du Sommet de l’élevage, en Auvergne, mardi dernier.

« À l’heure actuelle, où les enjeux climatiques n’ont jamais été aussi forts, comment on peut imaginer encore défendre le fait d’échanger des voitures, du service contre notre alimentation », avait-il demandé. Pour le syndicat, héritier des luttes paysannes altermondialistes et historiquement opposé aux traités de libre-échanges, « c’est un non ferme et définitif ».

Ni « clauses de sauvegarde » ni « clauses miroir miracles » ne rééquilibrent cet accord

La Confédération paysanne appelle Emmanuel Macron à « tenir son engagement », rappelant que le chef de l’État avait, lors du dernier Salon de l’agriculture en février 2025, fustigé « un mauvais texte » et promis qu’il ferait « tout pour qu’il ne suive pas son chemin, pour protéger cette souveraineté alimentaire et européenne ».

Pour tenter de rassurer la France, la Commission a proposé début septembre des clauses de sauvegarde « renforcées », en cas de brusque hausse des importations ou baisse des prix, avec un « suivi renforcé » des « produits sensibles ». Mais pour le syndicat, ni « clauses de sauvegarde », ni « clauses miroir miracles » ne sauraient garantir un rééquilibrage de cet accord.

Alors que l’alliance FNSEA-Jeunes-agriculteurs, première force syndicale agricole, avait mobilisé ses troupes contre le Mercosur fin septembre, la Confédération paysanne a choisi la date du 14 octobre en soutien à deux de ses membres, jugés dans l’après-midi au tribunal judiciaire de Paris.

Ces deux militants syndicaux comparaissent pour « violence et rébellion » en lien avec une manifestation contre une réunion européenne de grands acteurs du commerce des céréales organisée au Grand Palais en décembre dernier.