Droits de douane sur les vins UE : « la situation ne peut en rester là »
AFP le 22/08/2025 à 10:15
« La situation ne peut en rester là », a affirmé la ministre française de l'agriculture, dénonçant jeudi soir sur X un accord « déséquilibré » entre l'Union européenne et les États-Unis, qui imposeront des droits de douane de 15 % sur les vins et spiritueux européens.
« Cet accord, déséquilibré, porte atteinte aux intérêts français et européens en matière agricole : il impose des droits de douane de 15 % aux produits européens exportés vers les États-Unis, tout en offrant un accès accru aux produits américains sur le marché européen », déplore Annie Genevard.
« Je regrette particulièrement l’absence d’exemption pour les vins et spiritueux, alors même que la France et d’autres pays avaient souligné l’importance prioritaire de ces produits », ajoute-t-elle, alors que la France exporte un quart de ses alcools vers les États-Unis.
« La situation ne peut en rester là. Ce point n’est d’ailleurs pas clos », estime la ministre, qui « demande instamment aux négociateurs européens qu’ils en fassent une priorité des prochains échanges qu’ils auront avec les autorités américaines, dans les semaines et les mois qui viennent ». « J’attends en outre des mesures européennes fortes pour soutenir les producteurs qui seraient pénalisés par ce résultat inacceptable », a-t-elle ajouté.
Forte déception des syndicats
Côté syndical, la déception est tout aussi forte. « Au moment où on débute les vendanges dans un climat particulièrement difficile, avec des sujets de déconsommation, de climat, c’est une nouvelle épreuve », a réagi Jérôme Despey, premier vice-président du syndicat agricole FNSEA et lui-même viticulteur dans l’Hérault.
Il redoute « des pertes de parts de marché qui seront difficiles à regagner ». Et plaide pour « continuer à discuter » : « Il ne faut pas désarmer. Il faut arriver à trouver des appuis aux États-Unis parmi les importateurs de vin et de spiritueux pour montrer l’intérêt économique – y compris pour le secteur américain – d’avoir des droits de douane nuls » pour les exportateurs européens, affirme-t-il.
En Provence, région qui exporte près de 40 % de sa production aux États-Unis, essentiellement du vin rosé, l’amertume est là : « On n’a aucune marge de négociation. On est des otages », dénonce le président du Comité interprofessionnel des Vins de Provence, Éric Pastorino.
Il craint des « baisses de chiffre d’affaires » qui pourront « jouer indirectement sur les emplois » : car malgré l’amour des Américains pour le rosé de Provence, qui pourra continuer à acheter des vins « au-delà de 20 dollars »?, se demande-t-il.
Le président de l’interprofession du Beaujolais Jean-Marc Lafont s’est montré pragmatique, alors que les États-Unis représentent 30 % des exportations de Beaujolais : « on ne s’attendait pas exactement à être exempté ». « Ce ne sera pas sans impact », a-t-il dit, mais les effets ne pourront être mesurés qu’a posteriori, une fois que le coût aura, ou non, été répercuté sur les consommateurs.