Chez Baudot, « on ne pardonne pas un vêlage difficile, même à une belle vache »
TNC le 22/08/2025 à 05:09
Avec 200 vaches allaitantes dans l’Auxois, les associés du Gaec Baudot n’ont pas le temps pour des vêlages difficiles. Chez eux, la facilité de naissance est sélectionnée depuis trois générations, et le travail sur la génétique paye. Sur les trois dernières campagnes, l’élevage affiche une seule césarienne sur génisses.
Depuis trois générations, le Gaec Baudot sélectionne ses Charolaises sur la facilité de vêlage. « Du temps du grand-père, il n’y avait pas de vétos. La césarienne, ça n’était pas une option. Il fallait que les vaches vêlent bien et puis c’est tout », tranche Michel Baudot du haut de ses 64 ans. « Puis mon père a repris. Il avait dans les 80 vêlages dans les années 70. Le travail était plus dur qu’aujourd’hui, beaucoup de choses à la main… Il n’avait pas de temps pour des vêlages difficiles », poursuit l’éleveur. La troisième génération n’est pas en reste : avec 200 vaches sur la ferme, la facilité de vêlages est nécessaire pour contenir la charge de travail.
Pourtant, la Charolaise a parfois l’image d’une race difficile à vêler. « Ça a peut-être été vrai par le passé », concède l’ancien président du Herd Book Charolais « mais aujourd’hui, ça n’est plus le cas ». Dans les années 2000, la race a entrepris un vaste chantier autour du vêlage facile. « Il n’y a qu’à demander aux vétérinaires, ils font nettement moins de césariennes qu’avant ». Sur le Gaec Baudot, 80 % des vêlages se déroulent sans intervention extérieure.
Une sélection stricte après le premier vêlage
Mais le vêlage facile, « ça se travaille », fait remarquer l’agriculteur. Sur la ferme, il fait partie intégrante du plan d’accouplement. Chez Baudot, « on ne pardonne pas un vêlage difficile, même à une belle vache », sourit l’éleveur.
La stratégie : sélectionner après le premier vêlage. Chaque année, une cinquantaine de génisses sont choisies pour intégrer le troupeau. Mais sur 50 primipares, 15 seront réformées l’année suivante. « Le premier vêlage, c’est un examen de passage », estime l’agriculteur. « Il conditionne le maintien dans le troupeau. »
Cette sélection stricte permet de constater les qualités maternelles des vaches en plus de la morphologie. « Même si une vache n’est pas la plus belle, elle peut avoir des qualités maternelles et faire carrière, et ça, on ne peut pas le voir sans veau. »
L’éleveur effectue tout de même un premier tri. « On regarde les index, la morphologie… Il n’y a pas de secret, pour des vêlages faciles, il faut un beau bassin », rappelle Michel.
Des taureaux à génisses sélectionnés avec soin
Côté sélection, la voie mâle n’est pas en reste. Après les mises bas, l’éleveur passe une à deux journées à faire son plan d’accouplement. « On vise les 10-12 taureaux pour 200 vaches. » Pour Michel, les choix d’accouplements sont au cœur du métier d’éleveur. « On vise en général les 100 en Ifnais, mais selon les caractéristiques de chaque vache, l’on peut tenter d’autres choses. »
Pour le premier vêlage, il vise la sécurité. « Les génisses sont la zone à risque du troupeau », rappelle Michel. « On veut du 100 d’Ifnais, avec des souches qui font des veaux entre 40 et 45 kg, qui se lèvent assez vite. »
Une attention toute particulière est portée aux achats de taureaux. Pour ce faire, les producteurs visent les grosses structures. « On estime qu’il y a plus de pression de sélection et moins de sentiments sur les grands cheptels. Sur un petit troupeau, on peut aider au vêlage. Lorsqu’on commence à avoir plus de 100 ou 150 têtes, c’est beaucoup plus difficile ».
1 césarienne sur génisses en 3 ans
La stratégie paye. Sur les trois dernières campagnes de vêlages, « on a fait vêler 160 génisses et on a eu une seule césarienne », détaille l’éleveur. « C’est toujours une de trop, mais on travaille avec du vivant… Un accident, ça arrive. »
Des lots de génisses pour la surveillance
Mais même en vêlages faciles, avec 180 vêlages sur la ferme, la saison des mises bas reste intense ! La période de vêlage s’étable sur quatre mois, du 15 décembre au 1er mai. « Nous sommes dans l’Auxois, sur une zone très herbagère alors nous préférons avoir des saisons longues pour assurer le résultat. »
Les génisses font l’objet d’une surveillance toute particulière. Trois lots de 20 à 25 vaches sont constitués selon les dates de terme. « Je les trie à l’œil, selon les dates de retrait du taureau ». Cette organisation permet de les surveiller de près pendant la mise bas.
Une complémentation aux petits oignons est également mise en place. Un déparasitage a lieu trois semaines après le retour de pâture, et les apports en minéraux sont réalisés selon les résultats des profils métaboliques. « La facilité de vêlage, ça s’introduit par la génétique, mais ça s’entretient par les pratiques d’élevage. »