« Sans la transformation laitière, impossible de m’installer »


TNC le 04/08/2025 à 08:12
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La production, mieux valorisée, facilite l’obtention d'un prêt bancaire pour s'installer en élevage laitier. (© Invitation à la ferme)

Parce qu'elle améliore la viabilité économique de la ferme et la vivabilité du métier d'éleveur, la transformation laitière peut sécuriser l'installation de jeunes producteurs en élevage bovin lait et en leur permettant, comme Killian Liger et Thibaud Meunier, de financer plus facilement leur projet. Sans elle, Killian se demande même s'il aurait pu reprendre l'exploitation familiale.

Killian Liger et Thibaud Meunier ont presque le même âge – 24 et 22 ans respectivement – et se sont, tous deux, installés sur l’élevage bovin laitier familial depuis trois générations, mais dans deux régions différentes : la Bretagne pour le premier, l’Ille-et-Vilaine précisément (à Val d’Anast près de Maure-de-Bretagne) ; le Massif central pour le second, dans la Loire (à Essertines-en-Châtelneuf près de Saint-Étienne). Dans les deux cas, leur installation en vaches laitières a été facilitée par la présence d’un atelier de transformation du lait produit sur la ferme.

Killian rejoint l’exploitation de ses parents en 2021, d’abord en tant que salarié. Trois ans plus tard, il s’associe avec eux. Thibaud, lui, est entré directement dans la société parentale en 2023, l’un des associés l’ayant quittée pour raison de santé. La ferme d’Ana-Soiz dans le 35 transforme 260 000 l de lait bio par an en yaourts et desserts lactés et celle du Haut Forez dans le 42, 190 000 l. Les deux structures emploient pas mal de main-d’œuvre : 7 et 10 temps pleins.

La possibilité d’investir

« Cette activité, qui permet de mieux valoriser notre production, a rendu plus facile l’obtention d’un prêt bancaire pour mon installation », estime Thibaud. De plus, le Gaec a pu investir dans une stabulation pour être plus efficace et performant, et pour un meilleur confort de travail et bien-être animal. Aujourd’hui, l’objectif n’est pas d’augmenter la production mais d’optimiser l’investissement dans le laboratoire de transformation. Killian partage son analyse. « Sans la transformation, je n’aurais pas pu reprendre l’exploitation », juge-t-il.

Pouvoir embaucher et se dégager du temps

Le jeune éleveur a déjà été échaudé : il devait s’installer en production laitière uniquement, en 2020, mais les banques n’ont pas financé son projet. « Grâce à cet atelier, la bonne santé financière de la ferme de mes parents, avec un EBE positif » a, cette fois-ci , fait la différence. Ainsi, les deux jeunes producteurs ont confiance dans l’avenir, cette diversification leur apportant davantage de visibilité. 

Cette viabilité économique, qui donne la possibilité d’embaucher (voir plus haut) et de déléguer, améliore en outre la vivabilité du métier d’éleveur. « Sans cela, on ne pourrait pas souffler, souligne Thibaud. Je peux prendre des vacances, des week-ends. Ce n’est pas comme ça dans tous les élevages. » Au sein du collectif de travail, chacun a des tâches et responsabilités attitrées. Le jeune agriculteur, par exemple, s’occupe plus des jeunes animaux, sa mère de la fabrication des produits laitiers.

Davantage de visibilité pour l’avenir

Travailler en famille est ici synonyme à la fois d’autonomie décisionnelle et d’entraide. Pour Killian, « cette continuité entre générations aide à anticiper les problématiques de demain comme la préservation de l’eau, l’autonomie fourragère et énergétique (à noter : des panneaux solaires ont été installés sur les toits des bâtiments et l’électricité produite sert au fonctionnement du laboratoire ; des batteries en stockent une partie, utilisée la nuit par les pasteurisateurs) ». Chez lui également, chacun est autonome sur les missions qu’il assure, mais la transparence et le partage sont là encore essentiels.

« Les rôles sont bien répartis. Je m’occupe des vaches, ma mère de la partie organisationnelle et de la transformation et mon père de la formation. Chacun a trouvé sa place », appuie Killian avant de conclure : « J’aime travailler pour moi, avec mes proches, dans une structure où on se parle franchement. » Les deux élevages font partie du réseau Invitation à la ferme, et bénéficient d’un accompagnement en communication, marketing, R&D… « Ce soutien collectif permet de progresser techniquement et commercialement, de se professionnaliser, de mutualiser, notamment les achats, et de gagner en visibilité sur un marché très concurrentiel. »