« De bons résultats, mais des prix en dessous des coûts de production »


TNC le 22/07/2025 à 16:14
Soufflet

(© Soufflet Agriculture/Youtube)

Directeur de la collecte chez Soufflet Agriculture, François Pignolet dresse un premier bilan de la récolte 2025

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« Cette moisson est très en avance par rapport à l’année dernière. Au 17 juillet, on est à 95 % de niveau d’avancement avec de très bons chiffres. On oublie la récolte 2024 sur laquelle on avait vraiment des gros soucis de rendement : on est à peu près à 25 % de collecte supplémentaire chez Soufflet Agriculture. Par contre, au niveau des prix, c’est une catastrophe, les prix sont extrêmement bas aujourd’hui, en dessous des coûts de production », résume François Pignolet, directeur de la collecte.

« En blé tendre, les qualités sont plutôt bonnes à très bonnes avec de bons PS, des protéines où on arrive légèrement au-dessus des 11 % en moyenne, ce qui permet d’alimenter correctement la meunerie et l’exportation. Du côté des orges de brasserie, les calibrages sont désormais à peu près connus et on est largement bon (presque 90 %). Les protéines, aussi, sont correctes : entre 9,5 et 10,5. »

En colza, le directeur de collecte fait part « d’une amplitude de rendement importante, de 25 à 50 voire 55 q/ha, mais avec une très bonne moyenne, autour des 35 q/ha ».

« Le marché des céréales est lourd »

« Aujourd’hui, on attend une récolte française de blé tendre, quasiment revenue à la normale (entre 31 et 33 Mt). Mais il nous manque un client important, avec l’Algérie qui a acheté la semaine dernière un peu plus d’un million de tonnes, sans faire appel à du blé français. Dans ses premiers bilans, FranceAgriMer prévoit un stock final de presque 4 Mt à fin juin 2026, donc c’est un élément de lourdeur qui devrait peser sur les prix cette année malheureusement », observe François Pignolet.

En ce qui concerne le colza, « les prix sont encore relativement rémunérateurs, entre 450 et 500 €/t, avec un taux d’huile qui est très satisfaisant. Par contre, les triturateurs français sont globalement assez bien couverts aujourd’hui, donc il reste quelques affaires à faire, mais la majeure partie est déjà concrétisée. Donc, sauf événement international non prévu, les prix ne devraient pas s’envoler ».

Les prix de l’orge brassicole sont également « dégradés » cette année et « inférieurs aux coûts de production », avec « une offre pléthorique en France et en Europe. Ce sont les malteurs et les brasseurs qui ont la main sur les prix aujourd’hui ».

Autre paramètre important de cette récolte 2025 : le manque de céréales fourragères. « Compte-tenu des bonnes qualités en blé et en orge, la demande risque d’être difficile à combler et les prévisions sont assez pessimistes concernant le maïs, avec des cultures européennes qui ont souffert des grosses chaleurs. On espère que les pluies vont pouvoir améliorer un peu ces récoltes. Ce manque de céréales fourragères pourrait toutefois être l’élément qui aide à ce que les prix ne descendent pas trop bas. Au niveau mondial, on s’attend, par contre, à une récolte record de maïs aux États-Unis, avec plus de 400 Mt. »

« Que va faire le marché ? »

« La seule réponse valable et honnête est : je ne sais pas ! » François Pignolet rappelle toutefois : « on a les paramètres évoqués juste avant, il y a aussi des éléments qui sont un peu extérieurs au marché fondamental, comme la position des fonds financiers. Ils ont vendu beaucoup de céréales mondiales sur les marchés financiers. Donc il faut qu’ils achètent la position pour se mettre à zéro, si c’est le cas, ça peut aider le marché à « ne pas aller à la cave ». Autre élément de poids : la géopolitique mondiale, entre les discours, le ping-pong entre les États-Unis, la Russie, etc. On a des choses qui peuvent se déclencher ou se calmer. Le marché va donc continuer à être très volatil. »