Macron appelle à un accord commercial « juste et ferme » avec les États-Unis


AFP le 04/07/2025 à 09:56

Un accord « juste et ferme », avec les droits de douane « les plus bas possible » : Emmanuel Macron a appelé jeudi à clore au plus vite la guerre commerciale qui menace de faire rage entre les États-Unis et l'Union européenne depuis un lieu hautement symbolique, Roquefort-sur-Soulzon (Aveyron).

Depuis ce fief du célèbre fromage de brebis, qui célèbre les 100 ans de son appellation d’origine et qui joue gros sur le marché américain, le président français a dessiné le contour de ce qu’il croit être « le bon accord entre l’UE et les États-Unis » : « c’est l’accord qui est conclu le plus vite possible avec les tarifs le plus bas possible et qui doit être juste et ferme », a-t-il déclaré, à six jours de la date butoir fixée par Donald Trump.

Le président américain pourrait monter à 20 % le taux par défaut des droits de douane sur les importations en provenance de l’Union européenne, voire les porter à 50 % comme il l’avait déclaré en mai. « On a une situation très dure, elle nous a été un peu imposée, c’est la loi du plus fort qu’on subit », a déploré Emmanuel Macron devant des producteurs de roquefort inquiets.

Alors que le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, tente de conclure à Washington un accord au nom des 27 Etats membres de l’UE, Emmanuel Macron a jugé que les Européens avaient « des vrais leviers » dans la négociation.

Pour l’heure « c’est 10% qui s’applique » et « ce qui pèse sur nous, c’est potentiellement 25 ou davantage », a-t-il observé. Il a souhaité « obtenir ce qui est le minimum aujourd’hui pour les Américains », à savoir « 10% pour 10% » de droits de douane. Et que « le 0% de tarif qui préexistait » sur certains secteurs comme « l’aéronautique », « on puisse l’avoir » aussi.

« On compte sur vous »

Le roquefort est un emblème gastronomique à l’international où il réalise un quart de ses ventes, notamment aux États-Unis, et où il cherche de nouveaux débouchés pour compenser une baisse structurelle de ses ventes dans l’Hexagone.

« On compte un peu sur vous pour mettre un peu la pression sur le président des États-Unis », a lancé le directeur de Roquefort Société, Hugues Meaudre, au chef de l’État. Le marché américain représente 25 000 tonnes de fromages, principalement de l’emmental et du brie et quelques AOP.

Le roquefort avait déjà souffert de 1999 à 2009 d’une guerre commerciale entre les États-Unis et l’Europe, avec des droits de douane américains de 100 % imposés en réponse à l’interdiction européenne d’importer du bœuf aux hormones.

Minorité de blocage

L’inquiétude est aussi grande du côté de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS) dont le chiffre d’affaires atteint 3,8 milliards d’euros aux États-Unis, soit dix fois plus que les produits laitiers. « Nous attendons que le président de la République joue le jeu collectif de l’Europe, et n’expose pas inutilement la France », a pointé son président, Gabriel Picard, interrogé par l’AFP.

« On est dans un moment particulier de la relation Europe-États-Unis, et à quelques jours d’un accord, du moins nous l’espérons », ajoute-t-il. Même son de cloche côté cognac, déjà frappé de plein fouet par une guerre commerciale avec la Chine et qui redoute aussi de faire les frais d’une hausse des droits de douane aux États-Unis, son premier débouché.

Emmanuel Macron a aussi martelé son opposition en l’état à l’accord de libre-échange avec le Mercosur, rappelant qu’il demandait un protocole additionnel pour protéger les agriculteurs. « On se battra (sinon) pour avoir une minorité de blocage » afin d’y faire obstacle, a-t-il dit.

Le chef de l’État a revanche défendu l’accord du Ceta avec le Canada qui n’est toujours pas ratifié par le Parlement. « Les accords commerciaux en soi ne sont pas mauvais », sur le Ceta « on est gagnant », a-t-il assuré.