Le marché européen manque cruellement de vaches de réforme et les prix grimpent


TNC le 03/07/2025 à 15:33
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Le prix du lait pousse les éleveurs européens à conserver leurs animaux, ce qui contribue à la pénurie de vaches de réforme. (© AlexQ, AdobeStock)

Entre « la baisse des cheptels, les effets de traîne de la FCO et les bons prix du lait », l’Union européenne connaît une nette contraction des réformes laitières et allaitantes, détaille l’Idele. Ce qui entretient la pression haussière sur les prix.

Dans ses Tendances parues fin juin, l’Idele revient notamment sur la « baisse prononcée » des abattages de vaches de réforme laitières et allaitantes au sein de l’Union européenne : selon Eurostat, ils se sont repliés de 4 % et 22 000 tonnes-équivalent-carcasse (téc) au premier trimestre 2025 par rapport à la même période en 2024, à 494 000 téc.

Cette situation s’explique d’abord par la contraction du cheptel reproducteur européen en début d’année. En recul de 3 % sur un an, il atteint désormais 29,3 millions de vaches laitières et allaitantes.

Ensuite, le prix du lait pousse les éleveurs à conserver leurs vaches laitières. « La moyenne européenne du prix du lait payé au producteur atteignait 531,9 €/tonne en mars et 533,4 €/tonne en mai », note l’Idele, soit des hausses de respectivement 15 et 16 % par rapport aux niveaux de 2024.

Sans oublier l’impact des maladies vectorielles, FCO-3 en tête : elles ont « dégradé les performances zootechniques » de certains élevages allemands, néerlandais, belges et français et incité les éleveurs à maintenir plus de reproductrices.

Au printemps, la « mise à l’herbe dans des conditions globalement plus favorables que les années précédentes » a accentué le manque de vaches à l’échelle européenne, précise l’institut technique.

Il revient notamment sur l’exemple de la Belgique. Le cheptel (laitières et allaitantes confondues) a baissé de 3,6 % entre fin 2023 et fin 2024, et les abattages ont plongé sur les quatre premiers mois de 2025 (- 10 %/2024).

Face à la pénurie, les prix se sont envolés et ont distancé les prix français mi-février, poussant les abatteurs belges à venir chercher des vaches en France. Les exports de vaches de boucherie françaises vers la Belgique a dépassé les 1 000 têtes entre début janvier et fin avril 2025, contre seulement 220 sur toute l’année 2024.

La cotation de la vache O a atteint 6,25 €/kg de carcasse la première semaine de juin (+ 48% /2024), soit 20 centimes de plus que son homologue française. (© Idele)

L’Irlande connaît un recul drastique de son cheptel, avec une perte de presque 100 000 vaches entre avril 2024 et 2025. Après une phase ascendante liée à la fin des quotas, le cheptel laitier décroît depuis fin 2024, tandis que le cheptel allaitant dégringole de plus en plus.

Entre cheptel reproducteur en baisse et génisses de renouvellement peu nombreuses, les abattages irlandais sont au plus bas, en chute de 14 % sur les semaines 20-23 (du 12 mai au 8 juin 2025) par rapport à 2024.

Et les prix, s’ils ont « stoppé leur flambée, restent les plus élevés d’Europe » : 6,64 €/kg de carcasse en semaine 23 pour la vache O (+ 54% /2024).

Quant à l’Allemagne, son cheptel bovin reculait de 3 % en début d’année. Le prix plutôt élevé du lait (543,6 €/t en moyenne en mai) et les performances zootechniques dégradées par les difficultés sanitaires ont là aussi conduit à une rétention des reproductrices.

D’où une baisse significative des abattages sur les semaines 21 à 24 : – 16 % sur un an. Et une hausse des prix « qui ne faiblit pas » : mi-juin, la cotation de la vache O allemande atteignait 6,36 €/kg de carcasse, soit une hausse de 50 % par rapport à 2024.