« Le croisement limousin sur génisses limite la casse au premier vêlage »


TNC le 27/06/2025 à 05:28
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Les poids au sevrage sont comparables entre charolais et croisés. "Il y a peut-être quelques kilos de moins sur les croisés, mais il ne faut pas oublier que ce sont des veaux de génisses" note Alexis. (© TNC)

Depuis 10 ans, la famille Caignet mise sur le croisement limousin pour faciliter le premier vêlage des génisses charolaises. Une manière pour eux de se simplifier le travail, pour associer grande culture et élevage allaitant.

« Avant, il y avait pas mal de casse aux vêlages », résume Alexis Caignet, éleveur de Charolaises dans l’Eure sur la SCEA des filasses. Gros veaux, césariennes… « Chaque campagne avait son lot de complications ».

Fatigués des mises bas difficiles, père et fils ont trouvé une voie de salut avec un taureau limousin. « Par le passé, nous faisions pas mal d’IA sur les génisses », explique Christophe, le père d’Alexis. Mais entre agrandissement et prestation grandes cultures à l’extérieur, les associés ont été contraints de mettre en place un fonctionnement compatible avec les travaux de plaine. « Nous voulions arrêter l’IA pour se dégager de la surveillance des chaleurs, et je ne me voyais pas mettre un taureau charolais sur mes génisses, nous avions déjà trop de difficultés aux vêlages ».

Le croisement limousin pour des vêlages faciles

Si le changement de race a un temps été envisagé, la famille Caignet restait attachée au charolais. « Ils n’ont pas que des défauts », sourit Alexis. « Ce sont des animaux calmes, faciles à manipuler… C’est aussi ce qu’il faut pour un travail agréable au quotidien ». Les associés ont donc opté pour le croisement limousin pour le premier vêlage. « La Limousine est connue pour sa finesse d’os, alors nous avons pris le pari que ça passerait mieux », poursuit l’agriculteur. Le croisement a ainsi permis de maintenir la centaine de vêlages annuels, malgré les quelque 600 ha de culture (en propre et en prestation).

Deux périodes de vêlage se dessinent sur la ferme. Sur le mois de septembre, une trentaine de génisses mettent bas à des croisés. La seconde période de vêlage, avec des vaches cette fois, débute au 20 novembre et s’étend sur un peu plus de 6 semaines avec des animaux en race pure. « C’est là que nous avons le gros des vêlages, avec à peu près 70 veaux », précise Alexis.

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Autre avantage : les génisses ont un peu de temps pour se remettre avant la mise à la repro. « Elles font leur second veau en charolais sur la deuxième période de vêlage, donc elles ont deux mois de plus que les vaches pour se re-cycler », ajoute Christophe.

Il nous faut des méthodes d’élevage compatibles avec la grande culture

Ce fonctionnement permet de jouer pleinement la carte de la complémentarité entre élevage et cultures. La première période de vêlage intervient après les semis de colza, et la seconde après les travaux d’automne. « Certains diront que les animaux ne sont pas très poussés. C’est vrai qu’avec notre fonctionnement, il y a un an et deux mois entre le premier veau et le deuxième… Mais ça nous permet de jongler avec les deux activités sur la ferme », tranche l’agriculteur. « Nous cherchons à limiter l’astreinte sur l’élevage, et ça aussi, ça pèse dans la balance », ajoute son fils.

Des veaux plus vifs grâce au croisement

La différence de vitalité entre les veaux charolais et les croisés conforte leurs choix. « On voit vraiment la différence », note Alexis. « C’est mou un veau charolais, c’est pataud… Le Limousin est plus dégourdi, ça trouve tout de suite le pis », confirme son père.

Pour le reste, les conformations d’animaux diffèrent selon que le veau penche plus ou moins vers le Limousin. « En général, les croisés sont un peu plus hauts et un peu plus fin d’os. À l’œil, on a l’impression qu’ils sont plus légers, mais ça ne se voit pas sur la balance, d’autant qu’on reste sur des veaux de génisses ».

En croisés comme en race pure, les éleveurs obtiennent des lots de broutards d’environ 300 kg à 9 mois, avec simplement une complémentation en période hivernale. « Les croisés partent en tout début d’été, les Charolais quelques semaines plus tard », détaille Alexis.

Côté prix, la hausse des cours de la viande a permis de gommer les différences. « Par le passé, les marchands rechignaient un peu devant les croisés, mais ils ont toujours trouvé un preneur », explique Christophe. Aujourd’hui, le manque d’offre tend à gommer les écarts entre les codes raciaux, « le marchand prend tout au même prix » constate le jeune éleveur. « On voit vraiment que la conjoncture a changé autour de la viande. On a un vrai changement de rapport de force. Depuis deux ans, c’est assez facile d’écouler les broutards, alors autant produire des animaux qui nous facilitent la vie ».