La meunerie française alerte sur la hausse des importations


TNC le 12/06/2025 à 15:00
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L'ANMF décrit un marché dynamique en 2024 mais une rentabilité en berne et des imports en hausse. (© BillionPhotos.com )

Le secteur de la meunerie française déplore la chute de la rentabilité de ses entreprises et la concurrence croissante de la farine importée d’Allemagne, tout en pointant des tendances de production et de vente positives en 2024.

À l’approche de sa convention annuelle, le 20 juin à Paris, l’Association nationale de la meunerie française (ANMF) décrit dans un communiqué une année « en demi-teinte » pour le secteur, marquée par une hausse des volumes de production et de vente, mais un effritement de la rentabilité et une « progression historique » des imports de farine.

En 2024, les meuniers français ont transformé 20 % du blé hexagonal pour produire plus de 4 Mt de farine, soit une hausse de 5,5 % par rapport à 2023. Un résultat notable au vu du faible PS des blés récoltés en 2024 et d’une recrudescence de l’ergot : les moulins ont dû redoubler d’effort pour trier et nettoyer les grains.

La tendance est positive aussi du côté des débouchés. Les ventes ont atteint 3,86 Mt (+ 5 %), portées par les industries alimentaires (viennoiseries, pain, pizza, restauration…) et l’export. La boulangerie artisanale, toujours premier client des meuniers français, reste stable à 1,18 Mt ; les ventes à l’amidonnerie et à l’alimentation animale progressent.

Mais la rentabilité des entreprises, qui dégringole ces cinq dernières années, préoccupe l’ANMF. Le taux de résultat d’exploitation oscille entre 2 et 4 % du chiffre d’affaires, loin des 7 % affichés en moyenne par l’industrie agroalimentaire. En cause : « une augmentation des charges de production qui ne sont pas intégralement répercutées sur les prix de vente des farines ».

Une concurrence allemande très offensive

Autre signal d’alarme : l’explosion des importations de farine. En 2024, elles ont atteint un record de 400 000 t – presque 10 % des besoins -, « avec un déficit commercial historique ». Sur les sachets de farine de 1 kg vendus en GMS, plus de 25 % sont ainsi d’origine allemande. Cette part « ne cesse de croître, portée par des offres de prix très compétitive ».

En 2024, les importations de farine ont grimpé par rapport aux années précédentes. (© ANMF, Douanes françaises)

L’ANMF s’inquiète aussi du manque de transparence lié à ce phénomène, évoquant les drapeaux français figurant sur certains sachets de farine produite à partir de blé hexagonal mais transformée outre-Rhin, ce qui « entretient une confusion auprès des consommateurs ».

Elle indique aussi prendre à bras le corps les deux sujets d’avenir que sont la décarbonation et la qualité sanitaire, mais appelle pour cela à un soutien public accru : « des investissements importants sont nécessaires dans les outils de production ».

« Il ne peut y avoir de souveraineté alimentaire sans une juste rémunération de chaque maillon de la chaîne. (…) Sans un juste prix, (la meunerie) ne peut continuer à investir pour gagner en compétitivité », argue Jean-François Loiseau, président de l’ANMF.