Métaux rares : l’UE lance des projets stratégiques à l’étranger


AFP le 04/06/2025 à 14:00

Du tungstène au Royaume-Uni, du graphite en Ukraine ou au Groenland...: l'Union européenne a retenu mercredi treize projets stratégiques à l'étranger ou dans des territoires ultramarins afin de diversifier ses approvisionnements en matières premières stratégiques.

L’UE tente depuis plusieurs mois de réduire sa grande dépendance à la Chine et de sécuriser son industrie. « Cette diversification est importante pour permettre à l’Union européenne de rester indépendante dans les crises géopolitiques et diplomatiques futures », a insisté le vice-président de la Commission, Stéphane Séjourné, devant la presse.

Après avoir dévoilé fin mars une cinquantaine de projets d’extraction minière à l’intérieur de l’Europe, Bruxelles se tourne cette fois vers des pays tiers ou des territoires ultramarins comme la Nouvelle-Calédonie.

Cette nouvelle liste concerne des matières premières stratégiques essentielles aux batteries et au stockage des véhicules électriques, comme le lithium, le nickel, le cobalt, le manganèse et le graphite. Elle vise aussi l’extraction de terres rares, éléments clés de la production d’aimants utilisés notamment dans les éoliennes.

Aux côtés du ministre du Commerce britannique Jonathan Reynolds et de l’Ukrainienne Svitlana Gryntchouk (environnement et ressources naturelles), Stéphane Séjourné a insisté sur les « deux projets » menés avec ces « partenaires et amis ».

Dans le sud-ouest de l’Angleterre, dans le Devon, il s’agit d’un projet baptisé « Tungsten West ». Le tungstène est utilisé dans l’industrie de défense et spatiale.

En Ukraine, l’UE a choisi un projet d’extraction de graphite dénommé « Balakhivka Graphite Deposit ». Le graphite est un des composants des batteries électriques.

Mais Washington avait pris les devants avec l’Ukraine il y a un mois en scellant un large accord dans l’exploitation des ressources, notamment gaz, pétrole, titane, lithium et minerais rares.

L’UE à la traîne ?

Ce partenariat de Bruxelles avec Kiev « n’empêche pas d’autres projets » à l’avenir. « J’espère que ce sera le premier d’une longue série », a répondu M. Séjourné. Les projets retenus par la Commission mercredi recevront un soutien financier de l’UE.

L’Europe a adopté l’an dernier une législation pour sécuriser ses approvisionnements. Elle établit une liste de 17 matières premières stratégiques comme le cobalt, le nickel et l’aluminium pour lesquelles elle fixe des objectifs chiffrés.

Pour chacune d’elles, l’UE doit pouvoir d’ici à 2030 assurer sur son territoire au moins 10 % des besoins d’extraction, 40 % de la transformation et 25 % du recyclage. Et pour chacune d’elles, l’UE ne devra pas dépendre d’un pays tiers unique pour plus de 65 % de ses besoins.

Secouée par la pandémie de Covid puis par la guerre en Ukraine, l’Union européenne a appris dans la douleur qu’un recours excessif aux importations pour certaines matières premières critiques pouvait mettre à l’arrêt ses chaînes d’approvisionnement.