Suite de l’accord avec l’Ukraine : l’UE envisage des mesures transitoires


AFP le 07/05/2025 à 16:19

L'Ukraine bénéficiera-t-elle encore de conditions favorables pour exporter ses produits agricoles dans l'Union européenne ? Un accord expire dans un mois et les négociations piétinent.

Faute de compromis, des mesures transitoires devraient être mises en place et seront scrutées par les agriculteurs européens, qui accusent régulièrement l’Ukraine de concurrence déloyale.

Quel est l’accord actuellement ?

L’Union européenne a instauré depuis 2022 une exemption de droits de douane sur des produits agricoles ukrainiens pour soutenir Kiev face à l’invasion russe.

Depuis, les agriculteurs européens protestent contre une concurrence jugée « déloyale » et une pression à la baisse sur les prix.

Devant leur colère, Bruxelles avait reconduit le dispositif en 2024 pour un an en ajoutant des restrictions : un plafond maximum pour certains produits détaxés comme les volailles, les oeufs, le sucre ou le maïs. Une fois ces quotas dépassés, des droits de douane s’appliquent.

Mais ce mécanisme de plafonnement ne concernait pas le blé tendre et l’orge, en dépit des protestations des céréaliers européens et de la pression de certains Etats membres comme la France, la Pologne et la Hongrie.

Pourquoi les négociations n’avancent pas ?

Cet accord arrive à expiration le 5 juin. Kiev voudrait le reconduire tel quel, tandis que l’Union européenne se positionne pour des quotas réduits et un accord à plus long terme.

Après juin, « les quotas ne vont pas rester les mêmes. Il y aura moins d’importations » en provenance de l’Ukraine, assurait fin mars le commissaire européen en charge de l’agriculture, Christophe Hansen, dans un entretien à l’AFP.

Mais les discussions patinent. Selon une source proche des négociations, une réunion technique a eu lieu le 2 mai avec les Ukrainiens, sans véritable avancée. Et le calendrier ne permettra pas d’aboutir à un nouvel accord début juin.

Le retard serait en partie lié à l’élection présidentielle du 18 mai en Pologne, un pays où les agriculteurs sont particulièrement remontés contre l’accord actuellement en vigueur.

Et le dossier est sensible car il mêle considérations économiques et soutien à l’Ukraine face à la Russie.

Que va-t-il se passer ?

En attendant un accord en bonne et due forme, des mesures transitoires devraient être mises en place à partir du 6 juin, explique une source au fait des négociations.

Mercredi, la Commission a ainsi reconnu « envisager d’éventuelles mesures transitoires », en raison des « contraintes de temps » pour aboutir à un accord. Tout l’enjeu sera d’établir les quotas de produits détaxés pendant la période de transition.

Les syndicats agricoles européens poussent pour se rapprocher au maximum de la situation qui prévalait avant l’invasion russe. « La libéralisation du commerce avec l’Ukraine a eu un impact négatif significatif sur plusieurs secteurs agricoles », tels que les céréales, le sucre, la volaille, les oeufs, l’éthanol et le miel, estime le lobby agricole Copa-Cogeca.

La Commission tentera de trouver un équilibre entre ces revendications et celles de l’Ukraine, dont des responsables avaient appelé à renouveler « l’accord au plus vite car les agriculteurs ukrainiens n’ont pas de visibilité ».

Pour l’accord à plus long terme, l’exécutif européen entend aussi réclamer aux Ukrainiens un « alignement des standards de production », notamment en termes d’utilisation des pesticides.

L’ouverture des échanges avec l’Ukraine a favorisé une augmentation significative des exportations ukrainiennes, par exemple pour le sucre. L’Union européenne a importé plus de 500 000 tonnes de sucre ukrainien sur la période 2023/2024 contre 40 000 tonnes en 2021/2022, d’après les chiffres de la Commission.