Alimentation/biodiversité : labels « utiles » avant l’affichage environnemental


AFP le 30/04/2025 à 11:07

AOP, MSC, Label rouge, AB... les labels qui guident le consommateur dans ses choix alimentaires, se révèlent « utiles » également pour limiter au moins partiellement l'impact des modes de production sur la biodiversité, souligne une étude publiée mercredi.

En mer, la baisse de la biodiversité est provoquée d’abord par la surpêche. Sur terre, l’agriculture contribue à dégrader et fragmenter les milieux naturels, rappellent les auteurs de ce rapport, produit par Inrae et l’Ifremer. La France, depuis la loi Climat de 2021, prévoit de mettre en place un affichage environnemental sur tous les produits alimentaires afin de mieux informer le consommateur.

Pour le construire, les deux instituts ont été chargés de mesurer les effets des productions labellisées sur la biodiversité. Résultat : des labels utiles bien qu’incomplets notamment pour la pêche et l’aquaculture. « Les labels jouent un rôle utile pour la prise en compte de la biodiversité, puisque tous les labels étudiés quasiment dans notre corpus incluent au moins une pratique favorable sur la biodiversité », résume Olivier Le Pivert, de l’Ifremer.

Pour l’agriculture, les experts ont identifié huit pratiques particulièrement protectrices telles que le maintien d’éléments semi-naturels (haies, mares…), l’absence de pesticides de synthèse, la réduction du travail du sol, les rotations diversifiées… Sur les 10 labels étudiés, neuf incluent dans leur cahier des charges au moins une de ces pratiques, les certifications biologiques (AB européen, Demeter, Nature et Progrès) étant les plus protectrices.

Pour la pêche, le label dominant, le MSC (Marine Stewardship Council), mis en place il y a 25 ans, surtout pour les pêcheries industrielles, « offre des garanties fortes de non-surpêche », résume Clara Ulrich, chercheuse en halieutique à l’Ifremer. Mais des sujets comme l’abrasion des fonds marins ou les captures accidentelles « ont pris de l’importance ces dernières années » et ne sont pas ciblés, valant à ce label des critiques d’ONG.

Pour l’aquaculture, les labels AB, Label rouge et ASC identifient dans leur cahier des charges les risques : introduction d’espèces exotiques, densité des élevages… Mais ils restent « peu contraignants » et « peu exigeants », notent les auteurs.

Ce rapport ne se veut surtout pas un classement des labels mais un outil en vue du futur affichage environnemental. Mais le décret de création se fait attendre. Et dans le projet de Stratégie pour l’alimentation, la nutrition et le climat (Snanc) mis en consultation par le gouvernement début avril avec deux ans de retard, il n’est plus question que d’un affichage sur la base du volontariat.