Agriculture autonome

IA et laser, le désherbage façon Star Wars arrive dans les champs


TNC le 18/01/2024 à 05:14

Les technologies de pointe progressent pour trouver une alternative fiable et efficace aux produits phytosanitaires. Les recherches privées et publiques sont déjà bien avancées.

Dégommer les plantules indésirables d’un coup de laser à la précision chirurgicale, faire la différence entre un cotylédon de betterave ou d’herbe envahissante grâce à l’intelligence artificielle… Que ce soit Kult avec son AiLaser associé à Weedbot, à travers le projet de recherche européen WeLaser ou encore avec la solution Arow de la société tchèque Ullmanna (qui sera présente au prochain salon de la robotique, le Fira, du 6 au 8 février à Toulouse), les chercheurs et les industriels progressent rapidement sur le sujet.

Le laser possède le grand avantage de pouvoir intervenir tôt, dès la levée, et de ne pas perturber la structure du sol. « Avec les méthodes mécaniques, le défi consiste à lutter contre les adventices sans endommager la plante cultivée. L’état actuel de la technique ne permet pas d’intervenir au tout début de la croissance, constate-t-on chez Kult. Et le laser fonctionne indépendamment de l’état du sol et peut donc être utilisé dans une plus grande fenêtre de temps ».

Objectif : détruire le méristème

Sur l’AiLaser, des capteurs optiques transmettent les informations à une intelligence artificielle puis, l’intrus identifié, le laser intervient et le neutralise. Techniquement, l’adventice frappée par le laser ne se volatilise pas : c’est le méristème (« Tissu jeune, à cellules serrées, qui engendre les autres tissus végétaux », selon le Robert) qui est anéanti et donc la croissance stoppée.

Après trois années de recherches, WeLaser, le partenariat formé par des centres de recherche, des universités, des entreprises privées et des organisations d’agriculteurs de huit pays européens, dont la France, est arrivé au bout de la première phase de développement d’un prototype de sarclage de précision, doté d’une technologie, basée sur un concept innovant de pompe et de refroidissement, peu gourmande en énergie.

« D’autres travaux seront nécessaires pour réduire le temps de travail sur le terrain, pour faciliter le maniement et la connexion du prototype, et pour réduire les coûts de production dans le but d’obtenir un modèle commercialisable sur le marché », souligne-t-on chez WeLaser.

Des technologies encore coûteuses

Pas de laser chez Ullmanna, mais une boîte équipée de caméras et de logiciels, Arow, conçue pour s’intégrer aux machines agricoles existantes et en améliorer l’efficacité. « Nous commençons par collecter des données sur le champ. Au cours de la première heure, nous prenons 1 000 photos. Ensuite, nous indiquons manuellement à l’IA quelle plante est la culture et quelle plante ne l’est pas. L’IA commence alors à fonctionner et à guider précisément les lames. Chaque agriculteur qui utilise notre technologie contribue donc à améliorer le modèle », souligne Martin Ullman, fondateur et PDG de la société, qui vise un million d’euros de chiffre d’affaires en 2024.

« Le prix est encore élevé, c’est pourquoi notre premier marché est l’agriculture biologique, qui est un marché haut de gamme, mais nous espérons que le coût de la technologie baissera et qu’elle sera plus accessible », précise le chef d’entreprise.

Le laser et l’IA apparaissent aujourd’hui comme deux solutions prometteuses pour se passer un jour de produits phytosanitaires dans les champs. « Environ 130 millions de tonnes d’herbicides synthétiques sont utilisés en Europe chaque année, rappellent les chercheurs de WeLaser. Ces substances, lorsqu’elles sont appliquées, ne distinguent pas les plantes utiles et les insectes du sol qui ne sont pas leur cible. Par ailleurs, elles peuvent nuire à la santé des animaux et des êtres humains. En outre, les mauvaises herbes développent une résistance, ce qui signifie que les herbicides existants sont de moins en moins efficaces ».