Près de 8 000 hectares voués à l’arrachage dans le Bordelais
AFP le 22/12/2023 à 09:50
Les viticulteurs bordelais ont sollicité l'arrachage d'environ 8 000 hectares de vigne avec plus de 1 200 dossiers déposés dans le cadre d'un plan d'aide au premier vignoble AOC français, a annoncé vendredi le ministère de l'agriculture.
Ce dispositif d’un montant total de 57 millions d’euros, annoncé en juin et approuvé en novembre par la Commission européenne, propose une prime de 6 000 euros à l’hectare arraché pour lutter contre la flavescence dorée, une maladie qui menace les vignes laissées à l’abandon, « en dé-densifiant le vignoble ».
Le programme cofinancé par l’État et l’interprofession, qui peut atteindre 9 500 hectares sur deux ans, doit aussi permettre de réduire une production excédentaire. Le guichet sera rouvert à l’automne 2024 pour les 1 500 hectares restants. En juillet, 1 085 pré-candidatures avaient été déposées en vue d’arracher 9 251 hectares.
« On est relativement proche », a déclaré à l’AFP Stéphane Gabard, président du Syndicat des AOC Bordeaux et Bordeaux supérieur. « Cela montre un certain engouement de nos opérateurs qui ont besoin de réduire leurs surfaces et d’éviter les problèmes sanitaires liés à la multiplication des vignes en friche. » L’État a prévu de financer l’opération à hauteur de 30 millions d’euros – jusqu’à 38 millions si nécessaire – pour son volet renaturation qui consiste à transformer les parcelles en forêts ou jachères pendant 20 ans minimum ; le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB) apporte de son côté 19 M € en vue d’une diversification des cultures.
Un communiqué du ministère détaille la répartition des candidatures qui illustre, selon M. Gabard, la moyenne d’âge élevée des quelque 4 000 viticulteurs vivant de leur production en Gironde.
La première option, synonyme d’un arrêt de l’activité, a été plébiscitée en effet par plus de 700 candidats représentant, avant instruction des dossiers, près de 4 000 hectares. Ils bénéficieront d’un montant maximal global d’aide de 24 M €, « compatible avec l’enveloppe prévue par l’État pour le volet du dispositif qui lui incombe ».
L’autre option, financée par le CIVB, a séduit quelque 500 vignerons pour arracher plus de 4 000 hectares également : ces demandes excèdent, en revanche, l’enveloppe de 19 M € disponible. Elles feront donc l’objet d’un « coefficient stabilisateur limitant les surfaces éligibles » qui sera déterminé à l’issue de l’instruction des dossiers.
Les travaux d’arrachage débuteront avant le 31 mai dans un vignoble qui souffre de l’effondrement des prix, de la fermeture de marchés à l’export et d’une surproduction évaluée à un million d’hectolitres.
En parallèle, la région Nouvelle-Aquitaine financera à hauteur de 10 millions d’euros la reconversion agricole des terres après arrachage.