Comptes prévisionnels de l’agriculture

Soumise à un « effet ciseau », la filière céréalière est la plus pénalisée en 2023


TNC le 20/12/2023 à 18:15
revenusagricoles2023

Entre la hausse des prix des intrants et la baisse des prix de vente, l'effet ciseau est, en 2023, très marqué pour la filière céréalière et ses agriculteurs, selon les premiers chiffres de l'Insee. (© AdobeStock)

Dans ses comptes prévisionnels de l’agriculture pour 2023, l’Insee fait état d’une baisse très nette de la valeur de la production céréalière française (- 4,3 %) du fait d’un recul des prix des productions végétales (- 10,1 %). Malgré une consommation tendanciellement en baisse, la filière céréalière reste directement impactée par une nouvelle hausse du prix des engrais (+ 19,1 %).

En dépit d’une surface globale cultivée en baisse de 1,1 %, la production de céréales serait en hausse de 5,8 % en volume, explique l’Insee, qui vient de publier ses comptes prévisionnels de l’agriculture pour 2023.

Au niveau mondial, la récolte de céréales s’annonce à un niveau record, ce qui tire les cours à la baisse, en dépit de la persistance de la guerre en Ukraine. En France, les prix des céréales diminueraient de 28,4 % en 2023. Ils avaient augmenté de 31,8 % en 2021 puis de 24,0 % en 2022.

Les engrais ont encore pris 19 % en 2023

Côté charges, les consommations intermédiaires de la branche agricole augmenteraient de nouveau en valeur (+ 2,5 %), sous l’effet de la hausse des prix (+ 3,5 %), alors qu’elles fléchiraient en volume (- 0,9 %). Ces évolutions sont de moindre ampleur que l’année précédente, où leurs prix s’étaient accrus de 22,0 %, tandis que leurs volumes reculaient de 5,2 %.

Parmi ces consommations intermédiaires, les prix des engrais et amendements s’accroîtraient à nouveau de 19,1 %. La hausse est bien moindre que l’année précédente (+ 79,7 %), où s’étaient cumulés les effets de la reprise économique à la suite de la fin des confinements et ceux de la guerre en Ukraine. Le prix des engrais a toutefois culminé au début de la campagne 2023, la hausse des prix du gaz ayant même conduit certaines usines de fabrication en Europe à stopper leur production durant l’été 2022.

L’Insee rappelle par ailleurs qu’en volume, le recours aux engrais diminuerait à nouveau (- 17 %), entraînant une légère réduction du poste en valeur (- 1,1 %). Ceci s’inscrit dans un mouvement plus long ; la consommation d’engrais baisse en effet tendanciellement en France et a été divisée par deux depuis le début des années 2000.

Autre poste important de dépense, l’énergie voit ses prix fléchir de 1,5 % en 2023, après une hausse exceptionnelle de 40 % en 2022. Cette baisse résulterait de celle du gazole non routier utilisé pour les tracteurs, dont le prix baisserait de 7,5 %.