Le progrès génétique pour une meilleure efficacité alimentaire de la Prim’holstein
TNC le 07/12/2023 à 11:05
Amélioration de l'efficacité alimentaire, réduction du méthane entérique, ces sujets sont explorés dans de nombreux pays par les chercheurs en génétique bovine. A l'occasion des conférences WHFF (association mondiale de la Prim'holstein), plusieurs d'entre eux ont présenté leurs travaux en cours.
La génétique au secours de l’environnement. La recherche s’est emparée des sujets touchant à l’efficacité alimentaire des vaches, notamment des Prim’holstein, qui représentent le premier effectif mondial chez les laitières. A la clé, des questions fondamentales telles que la quantité de lait produit par kilo de matière sèche consommée. Mais aussi des sujets environnementaux, comme les émissions de méthane entérique. Rassemblés au Puy du Fou (Vendée), dans le cadre du centenaire de l’association Prim’holstein France, pour les conférences du WHFF (l’association mondiale de la Prim’holstein), des chercheurs du monde entier ont fait état des dernières avancées de leurs travaux.
Des recherches au long cours
Un projet international baptisé Resilient Dairy Genome (génome laitier résilient) est actuellement développé pour améliorer la sélection en vache prim’holstein. Ses objectifs : produire des vaches plus résistantes, notamment à la chaleur et aux maladies, améliorer l’efficacité alimentaire, diminuer les émissions de méthane entérique.
Ce travail va se dérouler sur de nombreuses années et nécessite l’observation d’un très grand nombre d’animaux. Cela suppose un coût élevé. Pour atténuer cette contrainte, le projet rassemble des chercheurs de sept pays : Australie, Canada, Danemark, Allemagne, Espagne, Suisse et États-Unis. Grâce à cette collaboration, de gros volumes de données peuvent être recueillis et analysés. « Comparée à l’alimentation, la sélection génétique a une réponse plus lente sur le terrain, mais son effet est permanent et cumulatif », souligne Christine Baes, chercheuse à l’université de Guelph (Canada), qui contribue à diriger le projet.
Un index environnemental pour les taureaux
Les premiers résultats sont encourageants. Ils nous apprennent par exemple que l’efficacité alimentaire varie au cours de la lactation. Cela ouvre la porte aux possibilités d’une alimentation de précision pour les vaches laitières. Et à terme, c’est une donnée qui pourra probablement être prédite par la génomique et faire l’objet d’un index.
Les observations montrent aussi que la quantité de méthane entérique produite dans le rumen des bovins pourra également être modulée par la génétique. Il est donc possible que dans un avenir proche, un index environnemental sur les taureaux puisse être développé.
Pour des vaches moins émettrices de méthane
Des pistes alimentaires existent déjà pour diminuer les émissions de méthane entérique. La génétique est une autre possibilité. Pour que cette piste soit envisageable, il y a plusieurs conditions. Il faut en particulier que les quantités de méthane produit soient différentes d’une vache à une autre. Et cette caractéristique doit être héréditaire. Pour le savoir, des études sont menées pour mesurer le méthane produit. Deux méthodes prédominent pour cela : soit à l’aide d’un capteur fixé sur la vache, soit par des analyses de lait. Les résultats sont croisés avec les génotypages des animaux.
Anouck Van Breukelen, chercheuse à l’université de Wageningen (Pays-Bas), a observé les émissions de méthane entérique sur des vaches prim’holstein pour vérifier si ces conditions étaient bien réunies. Son objectif était de réunir le plus grand ensemble de données d’enregistrements répétés sur des vaches à ce jour.
Même si ses travaux ne sont pas terminés, elle a déjà pu faire état de ses premières conclusions. Elle affirme en particulier que la génétique peut contribuer à une réduction permanente des émissions de méthane des cheptels bovins.
D’autres recherches sont encore en cours, parmi lesquelles le croisement des données génétiques d’émissions de méthane avec d’autres caractéristiques, la précision des méthodes et, c’est l’objectif, le développement d’indices de sélection.