La France a perdu 7 % de ses ateliers veaux de boucherie en un an
TNC le 18/10/2023 à 08:44
Face au constat du difficile renouvellement des générations au sein de la filière veaux de boucherie, Idele et Interbev misent sur la communication. L’objectif : faire découvrir la filière aux jeunes en études agricoles, et remettre au goût du jour une viande parfois délaissée.
A l’occasion du Space 2023, Interbev et l’Institut de l’élevage sont revenus sur la filière veau de boucherie. « Une filière méconnue alors que la France demeure le deuxième pays producteur au niveau européen, et le premier consommateur », détaille Didier Bastien, responsable projet sur la station expérimentale du Rheu. « 93 % des étudiants venus sur la station n’ont jamais entendu parler de la filière veau de boucherie », s’étonne l’expert.
Pourtant, la filière est essentielle à la pérennité de l’élevage laitier français. « 60 % des mâles laitiers purs sont écoulés par ce biais, et 70 % des mâles croisés ». Le veau de boucherie est donc un moyen de valoriser en France les produits de la filière laitière.
Mais comme ailleurs, le renouvellement des générations pèse sur la filière. La France a perdu 7 % de ses ateliers veaux de boucherie sur un an, soit l’équivalent de 140 ateliers. « C’est près de 47 000 veaux qui ne seront pas engraissés en France », insiste Didier Bastien. Un chiffre considérable, lorsqu’on voit que les exportations de veaux laitiers vers l’Espagne avoisinent maintenant les 380 000 têtes.
Moderniser la filière
D’autant qu’à l’heure du bien-être animal, le transport des jeunes animaux entre pays européens pose question. « Parmi les préconisations de l’EFSA sur le bien-être des bovins se trouve une injonction à repousser de 14 à 35 jours l’âge minimum pour le transport des veaux ». Si cette recommandation n’a pour l’instant aucune répercussion réglementaire, il est à craindre que la réglementation entourant le transport des bovins se durcisse dans les prochaines années.
Alors la filière s’organise. « Nous voulons structurer la filière vers des pratiques plus durables et responsables », poursuit Didier Bastien. Au programme, la mise en place de la station expérimentale de Mauron, totalement dédiée à la production de veaux de boucherie, ainsi que l’élaboration de formations auprès des étudiants en école d’agriculture.
Car pour Magdalena Chanteperdrix, responsable projet veaux de boucherie, la filière souffre d’un manque de communication. « Non, on n’élève pas des veaux dans le noir bourrés d’antibio. Ils ne sont pas anémiés. On ne mange pas du bébé, ou alors du bébé de 300 kg… ». Pour éradiquer toutes ces idées reçues, Interbev s’apprête à proposer un plan de communication pour la filière.
Une campagne de communication

La viande de veau a « le cul entre deux chaises » décrypte Marion Ramassani, directrice de la communication chez Interbev. « Ce n’est pas la viande des grandes occasions, mais pas non plus une viande du quotidien. Il faut lui trouver une place ». Et pour ce faire, l’interprofession mise sur le « granny chic ». Une tendance régressive, visant à remettre nos grands-mères et leur savoir-faire au premier plan. « Le veau, c’est la blanquette de mamie. L’objectif, c’est de redonner à cette viande ce potentiel émotionnel ».
Interbev souhaite donc faire du veau la viande de la fête des grands-mères. Une grande opération de communication sera donc effectuée en amont de l’événement au printemps 2024. « Quand on pensera fête des grands-mères, on mangera du veau », promet Marion Ramassani.
Mais la couleur de la viande de veau reste un éternel débat. Les schémas d’élevage restent pensés pour proposer une viande rosé claire. « La filière propose de la viande un peu moins blanche que par le passé, avec une alimentation un peu plus variée », rappelle Magdalena Chanteperdrix, et le taux de fer des animaux reste contrôlé tout au long de l’engraissement. Et si l’objectif n’est pas de vendre des animaux anémiés, « nous restons rémunérés selon la couleur », rappelle un éleveur présent à la conférence.