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Je filme le métier qui me plaît

Au palmarès agricole : la transmission, le métier, la place des femmes


TNC le 26/05/2023 à 18:13
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(©Adobe Stock)

En 2023, six vidéos ont été récompensées dans la catégorie Agriculture et pêche de ce concours, dont cinq réalisées par des élèves de l'enseignement agricole. Cette année, leur qualité mérite d'être soulignée, les étudiants abordant avec un regard avisé les qualités qu'exige le métier d'agriculteur, ses atouts et contraintes, ainsi que la place des femmes et la transmission si cruciale dans ce secteur.

La 16e saison du concours Je filme le métier qui me plaît, s’est clôturée hier, jeudi 25 mai, par la cérémonie du remise des prix au cinéma Le Grand Rex à Paris. Dans la catégorie Agriculture et pêche, parrainée par le Crédit Mutuel, six vidéos ont été primées : une d’un clap d’or, trois d’un clap d’argent, une d’un clap de bronze, une ayant reçu une mention spéciale. Elles mettent en valeur le métier d’agriculteur, ses atouts et contraintes, les qualités et compétences requises pour l’exercer, ainsi que la place des femmes, qui a été longue à conquérir, et la transmission en agriculture, si importante.

(©Je filme le métier qui me plaît)

Clap d’or :Passation, LEGTA de Pau-Montardon (Pyrénées-Atlantiques)

Dans cette vidéo, il est question de transmission agricole. Depuis le 18e siècle, le domaine Motesquiou dans le Béarn, « au pied des Pyrénées », produit du vin. Aujourd’hui, Sébastien et Fabrice cultivent 15 ha de vignes, « passionnément, dans les traces de leurs ancêtres », et notamment de leur grand-père. « Analyser un domaine, c’est d’abord regarder ses racines » : à l’époque, l’exploitation n’était pas que viticole, mais en polyculture, avant que leur père, le « bâtisseur » commence à « réaménager » le vignoble.

Eux l’ont converti à l’agriculture biologique. Sans chimie, l’enjeu est de « limiter la concurrence de l’herbe », grâce au rotofil et surtout en « mettant des brebis l’hiver ». Et plus globalement dans la viti-viniculture, « trouver ce savant mélange entre histoire, terroir et renouveau ». Celui-ci passe par la diversification de la gamme, en conservant le côté « culturel », qui « amène de la valeur ajoutée aux produits » et se « transmet » de génération en génération. Allier innovation et tradition, c’est cela la « passation » dans le métier de vigneron, comme dans l’agriculture en général !

Clap d’argent :

  • Agricultrice 3.0, CFA agricole du Loiret 

Coup de projecteur ici plus sur l’installation agricole et le métier d’agriculteur, ou plutôt d’agricultrice. « Pas du travail, mais du bonheur ! » : sept jeunes élèves de l’enseignement agricole expliquent pourquoi elles souhaitent s’installer en agriculture.«Passionnée, motivée, patiente en particulier avec les animaux, courageuse parce que ce métier est compliqué, parfois encore plus pour les femmes mais se surpasser est stimulant et donne confiance en soi, ambitieuse et déterminée car du boulot, il y en a tous les jours, toute une vie, ce n’est pas quelque chose qu’on fait sur un coup de tête » : telles sont les qualités à avoir, selon elles, pour être agricultrice. « On le vit avec passion », résume une des jeunes filles. « Pour celles qui veulent se lancer, foncez, ne vous occupez pas des autres », exhortent les adolescentes.

  • Entre passion et métier, il n’y a qu’un saut !, LEGTA Hector Serres (Landes)

Même objectif pour cette vidéo. Lola adore l’équitation, pourtant elle n’en a fait pas sa profession puisqu’elle est cheffe d’exploitation agricole : elle élève près de 60 000 poulets bio et conduit aussi les tracteurs sur les 50 ha de grandes cultures, du maïs pour l’alimentation animale, du soja et tournesol pour l’alimentation humaine. Un métier où elle utilise les nouvelles technologies : l’autoguidage par GPS pour « un travail du sol le plus précis possible », ainsi que des logiciels informatiques pour « gérer la ferme, l’administratif et la comptabilité » mais également au niveau technique via « le suivi des parcelles et de l’hétérogénéité intra-parcellaire ».

Elle accueille en plus des étudiants en agriculture, par goût pour la pédagogie et pour leur « transmettre ma passion », explique-t-elle. Être agriculteur nécessite de la « rigueur et un bon sens de l’observation », insiste la jeune installée évoquant, elle aussi, « la patience » et un métier « difficile », où  « on ne compte pas ses heures ». Son quotidien, elle le juge cependant « très riche » : « chaque jour est différent » et elle dispose d’une certaine liberté pour s’organiser et exercer d’autres activités à côté. 

  • Mémoire de vigneronne, Lycée professionnel viticole (84)

Une vigneronne et sa maman témoignent sur l’évolution du métier de viticultrice dans le temps, et au-delà de celui d’agricultrice, qui a mis longtemps à gagner un statut et une reconnaissance. En 1981, la maman « épouse un vigneron et le métier avec ». « Par amour, tu travailles avec ton mari et tu l’aides dans différentes tâches, la gestion, la compta et aussi dans les vignes, gratuitement bien sûr, sans cotiser pour la retraite agricole. À cette époque, c’était comme ça, de toutes façons, il n’y avait pas d’argent pour deux salaires », raconte la fille. Il lui a fallu attendre 1991 pour obtenir son premier statut de conjointe collaboratrice, toujours sans toucher de salaire, et sans être vraiment reconnue. Elle continue de cumuler trois travails : la vigne, celui de secrétaire et la maison.

17 ans plus tard, la fille s’installe avec son frère. Elle est la première gérante femme de sa famille depuis 1464 ! « Grâce aux études effectuées et au combat de nos grands-mères », précise-t-elle. Pendant ses études néanmoins, elle a dû « faire face au sexisme : les filles ne taillaient pas, n’avaient pas d’endroit pour se changer ». Alors aujourd’hui, elle et son frère « travaillent en équipe : les tâches sont réparties non par genre mais par domaine de prédilection ». Mais elle « entend encore « il est où le patron », la notion de patronne n’est pas complètement ancrée dans l’imaginaire collectif », fait-elle remarquer. « Pendant de nombreuses années », elle a « eu l’impression d’avoir quelque chose à prouver, de devoir faire mieux et plus que les autres ». « Maintenant », elle se sent « légitime : vigneronne est devenue un statut pris au sérieux », comme celui d’agricultrice.

Clap de bronze : 

  • Mon élevage laitier, Lycée professionnel agricole (Loir-et-Cher)

Traite, nettoyage et paillage de la stabulation, inséminations, vêlages, alimentation et soins aux animaux, distribution du lait aux veaux… Enzo et Estéban partent à la découverte du métier d’éleveur laitier, au sein de l’exploitation de 90 vaches d’Anthony, à Bueil-en-Touraine. Et montrent comment l’agriculture participe à la « sobriété énergétique, via la production d’énergies renouvelables, et à la lutte contre le changement climatique, en améliorant », au passage, « les performances économiques ». Anthony s’est en effet équipé de panneaux photovoltaïques, qui « couvriront 50 % des besoins de la ferme cet été. »

  • Des petites mains pour du bon raisin !, Mission Locale Tonnerre Avallon

Là, c’est la profession de salarié agricole qui est mise en avant, à travers des témoignages d’ouvrières viticoles détaillant le travail à effectuer au fil des saisons, ses avantages et ses inconvénients . 

Mention spéciale :L’agriculture recrute, Lycée professionnel viticole (Vaucluse)

Producteurs de grandes cultures, éleveurs, viticulteurs, maraîchers… les lycéens ont voulu promouvoir la diversité des métiers de l’agriculture et des missions qu’ils assurent, alors que « chaque année, nous perdons des milliers d’exploitations ». Ils ont composé un poème, dont voici quelques vers : « Je suis le protecteur de la nature, en entretenant notre agriculture. Toujours solidaire, jamais solitaire. De jour comme de nuit, de ma passion je vis. Venez faire remettre le métier de nos ancêtres. »