Organisation et rigueur pour produire un lait de qualité à plusieurs UTH
TNC le 05/04/2023 à 08:05
Avec l'agrandissement des troupeaux laitiers, le travail se densifie en élevage (et il est surtout partagé par plusieurs personnes). Alors, comment bien s'organiser ? Deux élevages partagent leur expérience.
Associés et salariés d’un côté, agrandissement de troupeau de l’autre : le Gaec Noury-Ryes dans le Calvados (14) et la ferme expérimentale de la Blanche Maison dans la Manche (50) témoignent de leur organisation en élevage laitier.
Une exploitation bien organisée au Gaec Noury-Ryes (14)
Damien Lecuir et son associé élèvent 110 vaches laitières sur 265 ha de SAU dont 60 ha de prairies permanentes (dont 30 accessibles pour les vaches d’avril à décembre). Ils ont 2 salariés. « Mon associé gère la partie plaine, et moi l’élevage. Je parle bien de la gestion et pas du travail car nous travaillons sur les deux postes. Nos deux salariés sont multi-tâches et sont formés à tout. »
La communication sur la ferme passe essentiellement par les notes grâce aux tableaux installés à plusieurs endroits. « Nous effectuons un roulement pour faire un week-end d’astreinte par mois chacun. Tout le système de contention et la circulation des animaux ont été étudiés pour permettre à une personne d’effectuer le travail seule. » L’objectif est d’avoir fini la traite, l’alimentation des veaux et des vaches à 8h30.
Temps de travail | Gaec Noury | Référence CA |
Travail d’astreinte | 48 h/semaine | 60 h/semaine |
Traite (sans lavage) | 1h/traite | 1h15/traite |
Des vêlages groupés avant et après la moisson
La repro se fait en monte naturelle (avec un roulement de 4 à 6 taureaux) pour deux périodes de vêlages : avril-mai (avec quelques reports en juin) et septembre. Cela permet aux éleveurs de prendre 8 à 15 jours de vacances chacun avant d’attaquer la moisson.
Cette organisation en vêlages groupés permet aussi de gérer les animaux par lots, notamment de 14 vaches (car la salle de traite compte 14 postes, ce qui permet d’avoir des tours complets par lot). Damien Lecuir explique : « Je tarie systématiquement 14 vaches en même temps. Du coup, la durée de tarissement peut parfois excéder les 60-70 jours, ou de même les réformes peuvent être anticipées pour garder ce nombre de tours complets. »
L’accent mis sur les veaux
En supprimant les vêlages de novembre à février, les risques sanitaires sont mieux maîtrisés du côté des veaux. Aussi, les veaux mâles et femelles sont séparés : « Les mâles sont dans un parc dédié auquel accède le marchand de bestiaux qui ne rentre pas dans la nurserie dédiée aux femelles de renouvellement. Ça limite les contaminations. »
Autre aménagement : les éleveurs ont opté pour un double lactoduc en salle de traite pour ne pas porter de bidons. Le lait des veaux part donc directement vers le DAL.
Gérer la tension sanitaire en accroissement de troupeau à La Blanche Maison (14)
Il est moins question de l’organisation précise à la Blanche Maison, mais plutôt de la gestion de l’agrandissement du troupeau. En effet, la ferme expérimentale a tenté d’améliorer la situation sanitaire du cheptel et la qualité du lait dans ce contexte (passage de 400 000 à 620 000 l de lait via l’élevage des génisses).
?? Comment gérer la tension sanitaire provoquée par un accroissement de troupeau ? Retour d’expérience de la Ferme expérimentale de La Blanche Maison
Témoignage complet ?? https://t.co/lPdsUdSE7p#farmxp#santé#troupeaupic.twitter.com/zL7bV5EfYS
— Benoît Rouillé (@B_Rouille) March 27, 2023
« Cet accroissement de troupeau a créé une période de tension sanitaire sur l’exploitation. Rigueur et respect des procédures ont été les clefs pour augmenter non seulement le niveau de production laitière mais également la qualité du lait », détaillent les membres de la ferme dans une publication Farm XP.
Ce qui a été mis en place :
Suivi de performance
– Suivi quotidien et individuel de la production laitière + analyse de lait au moins une fois par semaine.
– En fonction du taux cellulaire de chaque vache : analyse bactériologique ou test rapide en salle de traite pour vérifier quel quartier est concerné par l’infection, puis choix de traiter, tarir ou réformer.
– Quand l’effectif recherché est atteint, réforme des vaches présentant des infections chroniques pour baisser le taux cellulaire global et limiter les sources d’infection.
Hygiène de traite et tarissement
– Mise en place d’un protocole d’hygiène de traite : lavage des mains, préparation de la mamelle, premiers jets, post trempage, désinfection des griffes.
– Pour le tarissement, obturateur seul pour multipares < 150 000 cellules au dernier contrôle et sans mammite au cours de la lactation, sinon : obturateur + antibiotique.
– Procédure pour la mise en place de l’obturateur (gants, propreté des quais de traite, désinfection du trayon…).
Un logement sain
– Curage de l’aire paillée toutes les deux semaines.
– Pâturages et chemins d’accès entretenus.
– Amélioration de l’hygiène pour le logement des génisses.
– Meilleure hygiène au vêlage.