La ferme Marcolin en Italie

Produire en famille 1,23 million de litres de lait sur 48 ha


TNC le 21/11/2022 à 10:02
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Le bâtiment des vaches laitières est très ouvert. Mais les éleveurs y ferment les filets de chaque côté lorsqu'il fait chaud et que la climatisation se met en route. (©TNC)

Ils sont la quatrième génération sur la ferme familiale (et bientôt rejoints par leurs enfants) : les frères Marcolin sont fiers de produire un lait entrant dans la fabrication fromagère du Grana Padano. Avec leurs 100 vaches laitières sur 48 ha de SAU, ils cherchent constamment à améliorer leur productivité.

Direction l’Italie où Angelo et Enzo Marcolin nous ouvrent les portes de leur exploitation laitière située à Vicenza dans la région de Padoue au nord de l’Italie. Les deux frères se sont installés en 2015 sur l’exploitation familiale. Et sur 48 ha de terres irriguées, ils produisent 1,2 million de litres de lait qui entrent dans la fabrication du fameux fromage Grana Padano.

Une autonomie alimentaire de 90 %

Les vaches sont en ration complète maïs, luzerne, foin, mélasse, concentrés et CMV. (©TNC)

Avec 48 ha de SAU, les deux frères parviennent à nourrir la centaine de vaches laitières ainsi que les élèves. Dans une région fertile avec l’irrigation sur toutes les parcelles, autant dire que les rendements sont corrects (plus de 16 t MS/ha pour le maïs récolté en shredlage,7 coupes en luzerne par an).

Ils sont en agriculture « de préservation des sols », autrement dit avec le moins de travail possible. « Le territoire s’y prête bien. On veille surtout à la fertilité du sol et ça fonctionne. »

Le séchoir de foin en bottes fonctionne par ventilation sous les ballots. (©TNC)

L’exploitation est autonome en fourrages. « On n’achète que les CMV, la farine de maïs, ainsi que la farine de soja et de tournesol », expliquent-ils. Ils font de nombreuses coupes de foin de prairie et de luzerne grâce au séchoir en bottes permettant de sécher jusqu’à 24 bottes à la fois (sans air chaud, juste une ventilation). « La luzerne nous permet surtout de ramener de la protéine pour un lait de qualité, explique Enzo. Grâce à elle, la laiterie nous a attribué plusieurs prix. »

Les frères Marcolin ont déjà été récompensés pour la qualité de leur lait et la productivité de leur troupeau. (©TNC)

Faire face aux coups de chaud

Sur la ferme Marcolin, les vaches sont passées de l’attache à la stabulation libre en 1999. Elles sont en logettes + matelas, et tapis en caoutchouc pour l’aire d’exercice. La salle de traite est une 2×10 simple équipement. Quant aux veaux, ils sont en cases individuelles jusqu’à 60-70 jours puis ils passent en logement collectif et très vite en logettes.

Dans cette région, les températures estivales peuvent fortement grimper. Alors les deux frères ont monté des ventilateurs et surtout une climatisation qui se déclenche automatiquement dès que la température ambiante dépasse les 24°C. Quand ça arrive, tous les côtés du bâtiment sont fermés par des filets brise-vent pour conserver la fraîcheur. « Cet été lorsqu’on notait 38°C dehors, on arrivait à maintenir 28°C dans la stabulation. C’est pour ça qu’on a mis les niches à veaux devant les vaches, ils sont mieux ici que dehors. »

Enzo n’a pas évoqué de chiffres quant à la consommation énergétique d’une telle installation, mais il affirme que « c’est certes coûteux mais on n’a aucune perte de lait donc on s’y retrouve économiquement parlant ».

La climatisation se déclenche en plus des ventilateurs lorsqu’il fait trop chaud. (©TNC)

Aimer et transmettre son métier

« La sécheresse et l’augmentation des charges n’impactent pas encore les résultats de l’exploitation car d’une part, nous avons l’irrigation, et d’autre part, nous avions encore beaucoup de stocks de 2021 avec de bonnes récoltes de foin et de maïs. » L’éleveur reste confiant : « Nous avons déjà connu de pires périodes, comme il y a une quinzaine d’années. Nous nous y sommes préparés. »

Pour Enzo et Angelo, l’élevage a de l’avenir. « La rentabilité est dans l’existant. Pas besoin de grossir pour être rentables. Nous, nous cherchons à optimiser la productivité sur notre surface pour produire un aliment de qualité (en limitant les achats extérieurs) et produire ainsi un lait de qualité. »

Ils sont confiants et souhaitent à leur tour transmettre leur entreprise à leurs enfants qui constitueront la cinquième génération sur la ferme. « La résilience passe par la compréhension (et l’apprentissage permanent) de notre métier, et l’amour que nous lui portons. » Les deux frères accueillent notamment régulièrement des écoles sur l’exploitation pour communiquer sur leur métier et transmettre leur passion.

Enzo et son frère sont fiers de transmettre leur exploitation aux jeunes générations. (©TNC)