Fertilité du sol

Améliorer ses rendements avec la réalisation d’un profil de sol


TNC le 27/12/2021 à 06:03
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Sébastien Roumegous, président de Cap AgroEco, explore le sol d’une parcelle de prairie à Chambœuf (42), le 9 novembre. (©Emilie Durand)

Face à des problèmes de rendement ou pour réajuster son système de production avec une meilleure complémentarité sol-plante-animal, réaliser un profil de sol peut s’avérer particulièrement intéressant. Il donne davantage de clefs sur le fonctionnement du sol qu’une simple analyse de sol.

Les analyses de sol fournissent des informations mais elles expliquent rarement l’origine des problèmes de mauvaise croissance des plantes. Il faut donc regarder ce qu’il se passe effectivement dans le sol pour bien comprendre. Dans ce sens, le profil de sol est l’outil de diagnostic le plus complet.

« Le sol est un volume avant tout et un capital à entretenir tous les ans », rappelait Sébastien Roumegous, président de Cap AgroEco, le 9 novembre. Il a réalisé pour cette journée d’information, à Chambœuf (Loire), un profil de sol complet. Il explique que la fertilité d’un sol se décline sous trois angles : physique, chimique et biologique. Elle est la condition nécessaire pour assurer une production de qualité à long terme. La fertilité physique est liée à la texture du sol et sa structure. Plus un sol est compact et dense, moins il y a d’espace pour que les racines puissent se développer. Une terre sableuse ou argileuse n’offre ainsi pas la même fertilité physique. La fertilité chimique est liée à la disponibilité de certaines molécules dans le sol pour la flore et la faune comme l’azote ou le carbone. Elle est liée au pH du sol et à la présence de matière organique. La fertilité biologique correspond à la présence d’organismes vivants dans le sol comme les lombrics, les champignons, les racines de plantes.

Trois modalités de fertilité : physique, chimique, biologique

« Dans un sol, il faut prendre en compte la réserve utile, c’est-à-dire l’eau utilisable par la plante retenue sous forme de films assez épais autour des particules de terre ou dans de fins capillaires, ainsi que la capacité d’échange cationique (CEC). Cette dernière est comme votre frigidaire ! C’est le réservoir de fertilité chimique de votre sol », explique Sébastien Roumegous. Dans le sol qu’il présente, la réserve utile est finalement faible. Une couche d’argile, présente en profondeur, bloque l’infiltration de l’eau, entrainant une forme de stockage de l’eau mais aussi un sol en anoxie sur cette zone (absence d’oxygène).

Les racines ne descendent pas à plus de 40 cm de profondeur, en lien avec la compaction du sol. Elles n’atteignent pas cette réserve en eau, qui aurait pu être utile en période sèche. « Je ne vois pas de lombrics, ni de galeries, seulement des juvéniles, ce qui est surprenant au vu de l’histoire de la parcelle : une prairie depuis près de 40 ans », analyse Sébastien Roumegous. L’agriculteur a cependant labouré et semé un méteil peu de temps auparavant, récolté depuis. « Il est possible que l’action mécanique, liée au travail du sol, ait eu un effet délétère sur les lombrics. De plus, l’activité biologique du sol n’aime pas les UV », analyse Sébastien Roumegous.

La plante, source de fertilité

Pour favoriser le retour des lombrics, il faut ajouter du carbone. Il peut être intéressant de rajouter de la paille tous les trois ans, voire du bois déchiqueté dont l’apport de carbone sera deux fois plus important que la paille. « Dans tous les cas, l’activateur de la vie du sol reste la plante ! », rappelle Sébastien Roumegous. Il s’agit alors de travailler sur la couverture et la rotation des cultures. Un sol sans carbone labile n’est pas un sol fertile.

À noter également que si le pH est trop bas, rien ne sert de rajouter de la matière organique, le sol n’en profitera pas. Avant de réaliser son profil de sol, il est indispensable de réfléchir en amont au but recherché (problème de rendement, de drainage, etc), qui déterminera alors la localisation du profil ou des profils à effectuer, ainsi que la saison. En entrée de champ, par exemple, le sol sera toujours plus compacté. Il est important aussi d’avoir l’historique du champ (rendements, régularité de la levée, conditions de récolte, uniformité de la croissance, rotation, etc.), la manière dont l’eau circule dans le sol (drainage souterrain, écartement des drains, etc.), le travail du sol et les amendements réalisés les dernières années.