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Produits phytosanitaires

Un projet de décret fâche le vignoble, tollé dans l’AOC Côtes de Provence


AFP le 16/07/2019 à 18:01

« On ne veut pas le droit de polluer mais seulement de travailler » : les agriculteurs du Var, surtout des viticulteurs en AOC Côtes de Provence mobilisés par la FDSEA, ont lancé les hostilités contre un projet de décret contraignant sur les jours, heures et limites d'épandage.

« Cette histoire va nous tuer, nous, mais elle concerne tout le monde, le maraîchage, l’arboriculture, toutes les productions végétales ! », assure à l’AFP Sylvain Audemard, secrétaire général de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) du Var. Selon Eric Tesson, directeur de la Confédération nationale des vignerons AOC, il y a eu des mouvements dans tous les vignobles, notamment en Champagne, où l’on craint de perdre jusqu’à 1 000 hectares de vignes. « Aujourd’hui, en viticulture, on est très concernés, on estime que des milliers d’hectares vont devoir être arrachés », dit-il, appelant le gouvernement à plutôt interdire les produits dangereux. Le projet de décret, pas officiel mais qui a fuité, prévoit selon les syndicats agricoles un délai de prévenance des riverains de 12 heures avant de pouvoir traiter les vignes, ainsi que des dates et des horaires encadrés. Mais les viticulteurs dépendent de la météo, du vent notamment, explique Sylvain Audemard : « S’il y a trois jours de vent d’affilée, mercredi, jeudi, vendredi, on traite le samedi » et « on traite la nuit, car il y a moins de vent, et du coup on met moins de produit », explique Sylvain Audemard. Autre nouvelle contrainte : ne pas traiter dans une zone de cinq à dix mètres autour de propriétés habitées : « Cela ne va faire qu’exacerber les relations entre les vignerons et leurs voisins, 10 mètres ce ne sera jamais assez, les gens vont demander 200 mètres », estime Eric Tesson. « Dans un département très construit, très périurbain comme le Var, où il reste 10 à 12 % de terrains agricoles, cela signifierait la fin de plus de la moitié des exploitations horticoles de Hyères », reprend Sylvain Audemard. « Moi, s’il faut que je prévienne les riverains, j’ai 50 personnes à appeler », ajoute ce viticulteur de Pesse-sur-Issole, qui manifestait samedi avec une centaine de tracteurs au Cannet-des-Maures contre la ratification du traité Ceta et contre l’accord Union européenne-Mercosur. « Le problème dans ce pays, c’est le double discours. D’un côté les contraintes en France, de l’autre, on importe n’importe quoi ».