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Commission des agricultrices (FNSEA)

Quels leviers pour promouvoir la place des femmes dans les instances agricoles ?


TNC le 14/12/2020 à 10:08
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Réunies en assemblée générale le 10 décembre, les agricultrices de la FNSEA se sont interrogées sur les freins à la représentation des femmes dans les instances agricoles, en présence de la ministre en charge de l'égalité entre les femmes et les hommes. Si l’idée des quotas divise, leur mise en place a néanmoins été décisive pour favoriser la représentation des femmes en politique.

« On est toutes d’accord, il faut toujours un minimum de contrainte pour faire avancer la place des femmes dans les institutions », a synthétisé Jacqueline Cottier, présidente de la Commission nationale des agricultrices (CNA) de la FNSEA qui tenait le 10 décembre son assemblée générale en visioconférence. Néanmoins, le sujet d’imposer des quotas dans les instances agricoles divise aussi les exploitantes.

En politique, c’est pourtant l’obligation de listes paritaires pour les élections régionales et municipales depuis 2007, et depuis 2013, pour les communes de plus de 1 000 habitants, qui a permis de faire évoluer la présence des femmes, rappelle la sénatrice de la Vendée Annick Billon (Union centriste), présidente de la délégation aux droits des femmes du Sénat. « On ne peut pas s’en satisfaire, mais sans la contrainte, on mettra très longtemps pour faire avancer la participation des femmes aux instances », déplore-t-elle.

La délégation a inscrit le sujet des femmes dans la ruralité à son programme de travail, indique également la sénatrice, « avec toutes les thématiques que cela implique : santé, mobilité, engagement politique, entreprenariat, violences… ».

Faire évoluer les représentations sociétales

En dehors des quotas, y a-t-il d’autres voies pour favoriser l’égalité ? Le travail sera en tout cas de longue haleine. Pourquoi, après plus de 45 ans d’existence, existe-t-il toujours un ministère en charge de l’égalité entre les femmes et les hommes ? s’interrogent les membres de la CNA. « Vous avez bien, encore, une commission des agricultrices », alors que le statut de co-exploitante a été créé en 1980, répond la ministre en charge de l’égalité entre les femmes et les hommes, présente lors de cette assemblée générale. « Aujourd’hui encore, la société produit des inégalités entre les femmes et les hommes qui ne sont pas justifiées », ajoute Élisabeth Moreno.

Ce qui se traduit dans les statistiques : seulement 25 % des chefs d’exploitation et 17 % des salariés du secteur sont des femmes. Sans compter que les femmes s’orientent davantage vers de plus petites unités de production, à la rentabilité et à la viabilité plus faibles. Par ailleurs, «  si la parité est presque atteinte dans l’enseignement agricole, le choix de l’orientation reste trop genré : les services à la personne pour les femmes, l’aménagement, les travaux forestiers ou paysagers pour les hommes », des choix qui s’avèrent par ailleurs moins rémunérateurs pour les femmes, précise la ministre.  « Ces stéréotypes doivent être combattus avec force, par tout le monde, y compris par les familles : c’est un enjeu de justice mais aussi de performance, car le monde agricole, confronté à la crise des vocations, a besoin des femmes », ajoute Élisabeth Moreno.

Le plan de relance met également en place plusieurs dispositifs qui pourraient faciliter l’engagement des femmes dans le syndicalisme et dans les instances, en milieu rural : l’accès au mentorat pour les jeunes femmes, les « cordées de la réussite » en milieu rural (des jeunes qui ont réussi dans leurs études tendent la main à d’autres jeunes pour leur permettre d’avancer), des programmes spécifiques pour l’inclusion numérique, et le soutien à la culture en milieu rural.

Cependant, l’engagement des femmes rural passera aussi par le développement des services d’aides à la personne et de garde d’enfant, beaucoup plus développés en milieu urbain, et nécessaires pour libérer du temps aux agricultrices désireuses de s’engager dans d’autres responsabilités.