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Accord européen

Première bénéficiaire de la Pac, la France se satisfait d’un budget serré


AFP le 22/07/2020 à 09:30
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Ce plan de relance est adossé au budget à long terme de l'UE (2021-2027), qui prévoit une dotation de 1 074 milliards d'euros sur sept ans, dont 336,4 milliards alloués à la Pac. (©Pixabay)

La France est satisfaite mardi de l'accord sur le futur budget de la politique agricole commune (Pac), dont elle est la première bénéficiaire, après avoir craint de fortes coupes.

« Nos négociations ont permis de protéger le revenu de nos agriculteurs pendant sept ans », a déclaré Emmanuel Macron au journal de 20h00 de TF1. « Nous avions peur que le Brexit ait une conséquence et qu’en quelque sorte la sortie du Royaume-Uni conduise à baisser le revenu de nos agriculteurs, ce ne sera pas le cas », a-t-il ajouté. Plus tôt dans la journée, le ministre de l’agriculture Julien Denormandie avait jugé le futur budget décidé par les 27 États membres de l’Union européenne « à la hauteur » des attentes de la France. La politique agricole « permettra d’investir dans les transitions, de maintenir les exploitations, de faire face aux défis que nous connaissons aujourd’hui », a-t-il estimé.

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Les dirigeants européens ont conclu mardi à l’aube un accord qualifié d’« historique » sur un plan de soutien à leurs économies frappées par la crise du coronavirus, basé pour la première fois sur une dette commune. Ce plan de relance est adossé au budget à long terme de l’UE (2021-2027), qui prévoit une dotation de 1 074 milliards d’euros sur sept ans, dont 336,4 milliards alloués à la Pac. Ils doivent être complétés par des allocations issues du plan de relance. Ce montant est exprimé par les institutions européennes en euros constants de 2018, référence des négociations, c’est-à-dire qu’il intègre l’érosion de la valeur du budget sous l’effet d’une inflation de 2 %.

Sur cette base, le futur budget de la PAC est en retrait de l’ordre de 12 % par rapport à la période précédente (382,8 milliards d’euros, en excluant la part des Britanniques). Il augmente toutefois de six milliards en euros courants (hors inflation), à 386,7 milliards, d’après le ministère français de l’agriculture. En 2018, l’exécutif bruxellois avait proposé un budget de 365 milliards en euros courants, faisant bondir la France qui estime avoir, depuis, « remonté la pente », selon les mots du cabinet du ministre. « Par rapport au point de départ de la négociation posé par la Commission européenne en 2018, les négociations ont permis des avancées réelles sur le budget adopté », ont renchéri dans un communiqué les syndicats agricoles majoritaires FNSEA et Jeunes agriculteurs (JA). « Toutefois, ce maintien cache une érosion du budget européen consacré à la Pac puisque, comme lors de chaque round de négociation, l’impact de l’inflation n’est pas pris en compte », ont regretté ces deux syndicats.

« Limiter la casse »

Selon ses premiers calculs, le cabinet du ministre estime que la France pourra bénéficier de 62,4 milliards d’euros via la Pac en 2021-2027, contre 62 milliards précédemment. Globalement stable, l’enveloppe recouvre toutefois un recul des paiements directs aux agriculteurs – cette partie du premier pilier de la Pac passe de 52 milliards à 51 milliards sur sept ans – et une augmentation de 10 à 11,4 milliards du 2e pilier, qui profite notamment aux petites exploitations de zones défavorisées, à l’installation des jeunes agriculteurs et au développement du bio. Ce résultat sur le 2e pilier, « un des leviers de la politique à venir », est jugé « très très bon » par le ministère. « Nos agriculteurs ont besoin d’être accompagnés sur les transitions écologiques et démographiques, c’est un enjeu crucial », a affirmé Julien Denormandie devant la presse, en faisant référence au renouvellement de la profession agricole, vieillissante.

« Nous regrettons vivement la baisse de moitié du budget du plan de relance alloué au 2e pilier de la Pac, par rapport à la proposition initiale », a néanmoins réagi la Confédération paysanne. « Pour le budget agricole, l’essentiel est sauf tant nous revenons de loin », a estimé pour sa part l’eurodéputée LR Anne Sander.

Si la France a su « limiter la casse », pour la FNSEA et les JA, il faudra rester « vigilant » dans les prochains mois « sur l’ambition de la Commission européenne dans les stratégies Farm to fork et Biodiversité 2030 visant à accélérer les transitions notamment écologiques, de l’agriculture ». « Avec des moyens supplémentaires limités, les objectifs devront être adaptés : difficile de demander aux agriculteurs de faire plus sans leur en donner les capacités financières », ont-ils conclu.

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