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Brexit

Michel Barnier de retour à Londres à un stade critique des négociations


AFP le 27/11/2020 à 15:59
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Le négociateur en chef de l'UE, Michel Barnier, se rend vendredi soir à Londres pour reprendre en face-à-face avec le Royaume-Uni les difficiles discussions sur la relation commerciale post-Brexit, désormais à un stade critique.

« On n’est pas loin du moment « take it or leave it » (à prendre ou à laisser, ndlr) », a affirmé le Français lors d’une réunion dans la matinée avec les États membres de l’UE, selon des propos rapportés par des participants.

D’après plusieurs sources européennes, Michel Barnier a répété à cette occasion la ligne déjà avancée jeudi par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen : il est aujourd’hui impossible de dire si un accord est encore atteignable ou non.

Signe de la lassitude et de l’inquiétude qui a gagné les États membres, leurs ambassadeurs ont réclamé « à l’unanimité » lors de cette réunion que l’exécutif européen publie « sans plus tarder les mesures d’urgence et les propositions législatives » en cas de « no deal », c’est-à-dire d’échec à trouver un accord, a expliqué un diplomate européen.

La Commission s’est jusqu’à présent refusé à dévoiler ces documents afin de ne pas envoyer de signal négatif aux Britanniques.

Côté britannique, l’homologue de Michel Barnier, David Frost, croit qu’un accord « reste possible », a-t-il tweeté, ajoutant : « Mais pour qu’un accord soit possible, il doit respecter complètement la souveraineté du Royaume-Uni ».

Il ne reste à Londres et Bruxelles que très peu de temps -« une poignée de jours », selon certaines sources- pour s’entendre sur un accord qui entrerait en vigueur le 1er janvier prochain, quand le Royaume-Uni, qui a officiellement quitté l’UE le 31 janvier dernier, cessera définitivement d’appliquer les normes européennes.

Sans traité commercial à cette date pour régir leur relation, les deux parties courent le risque d’un nouveau choc économique, qui viendrait s’ajouter à celui provoqué par l’épidémie de coronavirus.

« Convaincus de notre force »

La discussion est d’autant plus compliquée qu’il faut aussi laisser du temps aux Parlements européen et britannique pour ratifier un éventuel accord.

Le Parlement européen est prêt à y consacrer les derniers jours de décembre, mais plusieurs sources considèrent que sans texte définitif la semaine prochaine, ce calendrier sera compliqué à tenir.

Les discussions, entamées en mars, butent toujours sur trois points : l’accès des pêcheurs européens aux eaux britanniques, les garanties réclamées aux Britanniques en matière de concurrence et la manière de régler les différends dans le futur accord.

« Les mêmes divergences importantes persistent », a souligné vendredi Michel Barnier dans un tweet annonçant son déplacement dans la capitale britannique. Le Français était placé à l’isolement depuis une semaine après un cas de Covid-19 dans son équipe, qui avait contraint les négociateurs à ne discuter qu’en visioconférence.

Avant de rejoindre le Royaume-Uni, Michel Barnier devait s’entretenir avec les ministres de la Pêche des huit pays les plus concernés par cette questions explosive, dont la France, les Pays-Bas ou le Danemark.

« Barnier retourne à Londres parce qu’il n’est pas question pour les Européens de jeter l’éponge à quelques jours de l’échéance, mais ça ne change rien tant que Johnson ne bouge pas », a commenté une source européenne. Selon elle, « les Européens ont des doutes sur la volonté (du Premier ministre britannique) Boris Johnson de conclure un accord ».

« La probabilité d’un accord est fortement déterminée par nos amis et partenaires de l’UE », a répondu à distance M. Johnson, estimant que son pays pourrait « prospérer » même sans accord.

Jeudi, le secrétaire d’État français aux affaires européennes, Clément Beaune, a appelé les Européens à « être convaincus de leur force dans cette négociation », malgré la contrainte du calendrier.

« On a toujours tendance à (…) croire que nous sommes faibles, que nous devons faire des gestes et trouver des compromis », a-t-il estimé. Or, « nous sommes un marché huit fois plus grand que le marché britannique », a-t-il rappelé.