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Faim dans le monde

L’ONU pousse à la transformation des systèmes alimentaires mondiaux


AFP le 24/07/2021 à 11:05

Avec la pandémie de Covid-19, la faim a de nouveau gagné du terrain dans le monde, rendant plus indispensable encore, aux yeux de l'ONU, la « transformation » des systèmes alimentaires mondiaux. Mais dans quelle direction ? Un Sommet des Nations Unies consacré à ce thème se réunira en septembre à New York pour proposer une panoplie de « solutions » face à la remontée de la faim dans le monde observée pour la cinquième année consécutive. Il sera précédé d'un pré-sommet à Rome en début de semaine prochaine.

D’ores et déjà la préparation de ces deux rendez-vous suscite des critiques d’ONG qui craignent que les pistes retenues ne fassent la part belle à « l’agrobusiness » au détriment de l’agriculture paysanne et durable.

La tenue du Sommet sur les systèmes alimentaires mondiaux avait été annoncée en octobre 2019 par le Secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres. Peu après, le Covid-19 était détecté en Chine avant de se répandre sur la planète. Bien avant son apparition, « nous n’étions déjà pas en voie d’éliminer la faim et la malnutrition dans le monde d’ici à fin 2030 », objectif que s’est fixé l’ONU, mais « la pandémie a rendu la tâche encore plus difficile », constate un rapport récent des Nations Unies. « C’est une mise en accusation de l’ensemble de nos systèmes alimentaires (…) qu’en 2020, pas moins de 811 millions d’hommes, de femmes et d’enfants n’aient pas mangé à leur faim », s’indigne Agnes Kalibata, envoyée spéciale du Secrétaire général des Nations unies pour ce Sommet, citée dans un communiqué. « Nous avons besoin d’une transformation systémique, et c’est l’objectif du Sommet » mais « il appartiendra aux États membres d’ouvrir la voie aux changements dont nous avons besoin de toute urgence », ajoute cette ancienne ministre de l’agriculture du Rwanda. Le fait que cette scientifique de formation soit la présidente de l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA) déplaît à certaines ONG qui relèvent que cette dernière a été co-fondée par la Fondation Bill et Melinda Gates.

« Contre-mobilisation »

Pour préparer ce Sommet new-yorkais d’un jour dont la date précise n’est pas encore annoncée, ses organisateurs ont rassemblé quelque 2 500 idées – regroupées dans « 50 groupes de solutions » -, qui pourront être mises en œuvre par les gouvernements et les différents acteurs. Parallèlement plus de 1 000 « dialogues » se sont déroulés dans plus de 138 pays. « Avec des participants allant d’écoliers en Asie à des agriculteurs en Afrique de l’Ouest, en passant par des parlementaires en Amérique latine et des producteurs en Amérique du Nord », ces dialogues ont montré leur « caractère inclusif » et leur diversité, note le communiqué de l’ONU.

Le pré-sommet, organisé à Rome du 26 au 28 juillet, donnera l’occasion aux pays de dire ce qu’ils prévoient de faire au plan national pour améliorer les systèmes alimentaires. Et surtout de faire émerger des « coalitions » de pays s’engageant à faire avancer des groupes de solutions. « Nous avons aujourd’hui une opportunité unique de changer la façon dont nous produisons, transformons, vendons et consommons nos aliments afin que chaque personne puisse se permettre une alimentation saine et que les milliards de travailleurs des filières alimentaires vivent décemment de leur travail, ceci tout en préservant l’environnement », déclare à l’AFP Gilbert Houngbo, président du Fida (Fonds international de développement agricole).

Mais les pistes que pourraient commencer à tracer les États et certains acteurs économiques lors du pré-sommet préoccupent des ONG de la société civile qui ont annoncé cette semaine leur intention d’organiser « une contre-mobilisation » virtuelle du 25 au 28 (foodsystems4people.org). Le Sommet des systèmes alimentaires « est influencé de manière disproportionnée par les acteurs du monde des affaires et présente un manque criant de transparence », estiment ces ONG qui combattent « l’agriculture industrielle » et prônent « l’agroécologie et la souveraineté alimentaire », « solutions qui existent déjà ». Quelque 300 organisations internationales ou régionales soutiennent cette initiative comme Action contre la faim, CCFD-Terre Solidaire, Friends of the Earth, GRAIN, Greeepeace, la Via Campesina, Oxfam, des associations de peuples autochtones etc. Le Sommet de l’ONU « se concentre quasi-exclusivement sur un ensemble de solutions technologiques profitant à quelques multinationales et se faisant à l’encontre des intérêts des petits producteurs », estime Valentin Brochard, de CCFD Terre Solidaire, dans une déclaration à l’AFP.

[‎26/‎07/‎2021 11:00] TURON Fabien: