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Fermeture de sucreries

L’État demande à Südzucker « d’envisager la cession des sites» français


AFP le 13/03/2019 à 17:56

[Mise à jour le 14 mars à 10h05] Le ministre de l'agriculture Didier Guillaume, qui a reçu mercredi les dirigeants du groupe sucrier Südzucker, leur a demandé « d'envisager la cession des sites » que l'industriel souhaite fermer en France « si des projets de reprise crédibles devaient émerger ».

« Le gouvernement a demandé de considérer toutes les options pour maintenir une activité industrielle sur ces sites, et notamment d’envisager la cession si des projets de reprise crédibles devaient émerger », indique le ministère dans un communiqué, précisant que le gouvernement a appelé l’entreprise à respecter « ses obligations légales ». « Nous ne commentons pas ce genre de négociations », a réagi Dominik Risser, porte-parole du groupe sucrier, après avoir confirmé dans la matinée que l’arrêt de la production sur les deux sites était toujours d’actualité.

Saint-Louis Sucre, filiale depuis 2001 de Südzucker, a annoncé le 14 février la fermeture de deux de ses quatre sucreries en France en 2020 ainsi qu’une vaste réorganisation pour faire face à une baisse des cours du sucre, ce qui se traduirait par 130 suppressions d’emplois.

Les sites de Cagny (Calvados), Eppeville (Somme) et Marseille sont visés. « L’État et les régions ont donc demandé au groupe allemand de revoir son projet et d’ouvrir les négociations avec l’ensemble de la filière », ajoute le communiqué. « Il n’est pas acceptable que la France subisse une solution brutale et supporte l’essentiel de la restructuration envisagée par Südzucker. »

« Prédateur économique »

« Le gouvernement se donne huit jours pour écrire aux Allemands et leur dire tout le mal qu’il pense de leur projet », a assuré la députée socialiste du Calvados Laurence Dumont, à l’issue d’une réunion explicative avec le ministre. « Nous sommes un peu alarmistes sur le fait que les Allemands voudraient supprimer toute leur présence en France mais ils ne l’ont pas dit. »

« L’État leur a demandé de chiffrer un certain nombre de choses et leur a donné 15 jours-trois semaines pour apporter des réponses », a ajouté Loïc Touzé, délégué FO de l’usine de Cagny, en précisant que Südzucker avait précédemment estimé à 200 millions d’euros la restructuration des cinq usines européennes qu’il entend fermer.

« Nous avons trouvé des responsables politiques déterminés face au cynisme de Südzucker », s’est réjoui Samia Ghali, sénatrice socialiste des Bouches-du-Rhône également présente au 2erendez-vous. « Je doute que la loi soit respectée, il faut que les Allemands en soient conscients. Ils n’aiment pas être condamnés, il y a des moyens de pression. Il faut qu’on soit solidaire. »

Au micro de Sud Radio dans la matinée, Didier Guillaume avait accusé SüdZucker d’être un « prédateur économique » et avait plaidé pour une « réorganisation de la filière » sucrièreen raison de la chute des cours du sucre. « Le gouvernement se rend compte qu’il va avoir un problème dans la filière sucre française », a poursuivi le syndicaliste. « Il existe pourtant un vrai projet de reprise des deux usines porté par les planteurs de betteraves à Cagny qui ont 15 000 hectares.»

Mardi, syndicats et élus avaient été à leur tour reçus en délégation au siège du groupe allemand.

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