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« Justice pour le vivant »

L’État au tribunal pour l’effondrement de la biodiversité


AFP le 01/06/2023 à 16:12

Après le climat et la pollution de l'air, c'est pour l'effondrement de la biodiversité que l'État se retrouve au tribunal. Une audience s'est ouverte jeudi peu après 14h10 à Paris dans un dossier inédit, avec en son cœur la remise en cause par les ONG de l'utilisation massive des pesticides.

Cinq ONG de défense de l’environnement (Pollinis, Notre Affaire à tous, l’Association nationale de protection des eaux et rivières, Biodiversité sous nos pieds, et ASPAS) ont déposé un recours pour carence fautive de l’État devant le tribunal administratif de Paris, dans le cadre d’une procédure baptisée « Justice pour le vivant », lancée en 2021. 

Un rassemblement de soutien au recours, d’une centaine de sympathisants arborant des pancartes avec des dessins d’animaux menacés, a eu lieu jeudi midi dans un square à proximité du tribunal.

« On a besoin de repenser notre rapport au vivant », a lancé Cecilia Rinaudo, militante de l’ASPAS. « L’agriculture intensive n’est pas la seule possible » et « tout ça est une question de volonté politique », a-t-elle souligné. La rapporteure publique livrera lors de l’audience ses conclusions, souvent mais pas toujours suivies par les juges, et il faudra ensuite attendre deux semaines au moins avant une décision.

Ce dossier fait suite à d’autres affaires dans lesquelles l’Etat a déjà été condamné, sur son action climatique et pour la pollution de l’air. « On l’imaginait vraiment au départ comme le pendant biodiversité de l’Affaire du siècle », où la carence de l’État en matière de lutte contre le changement climatique a été reconnue, raconte Justine Ripoll, de Notre affaire à tous.

Depuis le Grenelle de l’environnement fin 2007, qui avait fixé un objectif de réduction de 50 % de l’usage des pesticides de synthèse en 10 ans, les deux plans successifs mis en œuvre, Écophyto 1 et 2, ont en effet abouti à des échecs.

« De toutes façons, il ne faut pas être naïf, les pesticides sont des molécules faites pour tuer », a déclaré jeudi Benoît Fontaine, du Muséum national d’histoire naturelle, l’un des coauteurs de l’étude publiée mi-mai pointant l’intensification de l’agriculture comme principale cause du spectaculaire déclin des oiseaux en Europe. Présent au rassemblement avant l’audience, il « espère que le droit ira dans le bon sens et dira qu’il faut être responsable dans l’utilisation des pesticides ».