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Covid 19 et courses landaises annulées

Les vaches landaises au chômage, les élevages menacés


AFP le 09/07/2020 à 09:25

« C'est notre unique revenu pour la ganaderia, on n'a pas d'autres ressources que les spectacles dans les arènes » : l'épidémie de Covid-19 a privé les villages de Gascogne de leurs fêtes traditionnelles, et avec elles les « courses landaises » qui font vivre ces élevages de bovins.

Comme une quinzaine d’autres de ces grands domaines, la « Ganaderia Dargelos » dont Jean Lafitte est un des co-gérants, près de Saint-Sever dans les Landes, risque sa survie après l’annulation des fêtes de villages.

De mars à octobre, essentiellement dans les Landes mais aussi une partie des Pyrénées, du Gers et de la Gironde, les amateurs remplissent d’habitude les arènes pour admirer les courses landaises, un type de corrida sans mise à mort, et avec des vaches plutôt que des taureaux.

« Mais la plupart des villes et villages ayant purement et simplement annulé leurs rendez-vous festifs de l’été 2020, les courses et spectacles qui les accompagnent ont également disparu du calendrier », résume Bertrand Capuch, co-président de la Fédération française des courses landaises.

« Il va nous manquer entre 80 000 et 90 000 euros cette année, et on a peur que les subventions soient loin d’arriver à ce montant…. On vient de vendre 10 bêtes parce qu’économiquement on était obligés », souligne Jean Lafitte.

« On ne fait pas abattre les têtes d’affiche bien sûr », témoigne Henri Tilhet, lui aussi co-gérant de cette ganaderia où quelque 180 bovins paissent sur 14 hectares dans les vallons d’Eyres-Moncube. « Mais nourrir une vache pendant 12 mois, ça coûte 300 euros. Quand l’argent ne rentre plus, il y a des mesures à prendre ».

« On pleure, on pleure »

Avec le déconfinement, la législation s’est relâchée, et à partir de samedi, des courses landaises pourront se tenir.

« Mais avec un protocole trop exigeant, déplore Jean Lafitte, il faudra limiter le nombre d’entrée par deux, les comités ne pourront pas bénéficier des buvettes et des repas qui servent 9 fois sur 10 à payer le coût de la fête en général. Donc normalement la totalité des comités n’organiseront pas de fête cette année ».

Bertrand Capuch confirme : « il y aura moins de 10 % du calendrier qui sera effectivement réalisé ».

Or, les domaines ne vivent que des contrats signés avec les comités d’organisation des férias ou les communes. « Des actions de solidarité avec des dons de fourrage ont déjà été organisées pour soutenir les élevages. Mais on reste inquiets », souligne Henri Tilhet.

À Garlin, dans les Pyrénées-Atlantiques, le président de l’association des amis de la course landaise, Jean-Luc Broca, a décidé d’organiser quand même une course dans les arènes locales, le 26 juillet.

« Le maire est d’accord pour qu’on essaie quelque chose. C’est dur de passer un été sans courses. Nous allons nous lancer en demandant aux spectateurs et aux acteurs de s’adapter aux nouvelles mesures pour pouvoir vivre leur passion ».

Capacité d’accueil des arènes réduite de moitié, billetterie sécurisée, ni buvette ni repas…: « Réorganiser des courses dans des conditions saines, c’est peut-être le nouveau modèle de demain auquel il faut se préparer ».

La Région Nouvelle-Aquitaine et le Conseil départemental des Landes ont voté l’attribution de 220 000 euros pour soutenir l’élevage de vaches landaises qui réunit 2 600 têtes. Mais la Fédération de la course landaise demande davantage à l’Etat. « Il faudrait atteindre une enveloppe de 500 000 euros pour éviter les abattages », estime Henri Tilhet.

« C’est dur de se passer de notre été sans fête dans le Sud Ouest, dit Jean-Luc Broca. On sait ce qu’on va faire le week-end dans le Sud Ouest : on a une fête dans notre village ou le village voisin ; on va faire la fête. Et donc aujourd’hui, sans fête, on pleure, on pleure ! »