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Alimentation

Les supermarchés continuent d’imposer leur loi malgré la loi


AFP le 07/02/2019 à 09:15

La grande distribution a été très critiquée mercredi par l'industrie agroalimentaire et les coopératives agricoles qui lui reprochent de continuer d'imposer sa loi et de faire baisser les prix des denrées, malgré la récente loi Alimentation censée redonner de la valeur aux producteurs.

Les traditionnelles négociations commerciales sur les prix qui durent jusqu’à fin février entre producteurs et distributeurs se font toujours « dans une démarche de déflation » cette année, a regretté le président de l’association des industries agroalimentaires (Ania) Richard Girardot, lors d’une audition devant la commission des affaires économiques du Sénat. Selon un « observatoire des négociations » lancé par l’Ania auprès de ses adhérents, les distributeurs imposent des baisses de prix comprises « entre 1,5 et 4 % » aux producteurs, « alors qu’ils ont déjà empoché 10 % d’augmentation sur le seuil de revente à perte le 1er février », a dit Richard Girardot. « Pour l’instant, on n’a pas encore vu le résultat » de la loi issue des États généraux de l’alimentation (Egalim), a-t-il ajouté.

« L’augmentation du seuil de revente à perte de 10 % » imposée depuis le 1er février par une ordonnance liée à la loi, « c’est d’abord une manne financière, (…) une rente de situation pour les distributeurs », a ajouté Dominique Chargé, président de Coop de France, lors de la même audition. « Il n’y a absolument pas de contrainte pour organiser le ruissellement » de la marge vers les agriculteurs, a-t-il regretté. « La théorie du ruissellement ne fonctionne pas », a ajouté le responsable de l’organisme qui chapeaute les 2 600 coopératives agricoles françaises.

Seule dans la filière laitière, des accords revalorisant le prix du litre de lait ont été acceptés par la grande distribution, à grand coups d’annonces médiatiques. Mais « c’est l’arbre qui cache la forêt », a-t-il lancé, soutenu par Richard Panquiault, directeur général de l’institut de liaison et d’études des industries de consommation (Ilec). « Il y a un paquet de filières agricoles où il ne s’est juste rien passé » lors des négociations commerciales, « sur les céréales, les fruits et légumes, la viande » a souligné ce dernier.

Pour Dominique Amirault, président de la fédération des entreprises et entrepreneurs de France (FEEF) qui représente les fournisseurs PME de la grande distribution, soit quelque 20 000 entreprises, dont 80 % travaillent dans l’alimentation, la loi ne s’attaque pas à un problème de fonds : le déséquilibre « entre un amont atomisé » (les milliers d’agriculteurs et PME de l’agro-alimentaire, NDR) « et un aval extrêmement concentré » (cinq centrales d’achats pour la grande distribution).

>> À lire : La distribution sommée de rééquilibrer ses marges au profit des agriculteurs