Les agriculteurs français désavantagés dans le contexte mondial 2025
TNC le 30/10/2024 à 08:30
Tous les ans, le Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII) publie un rapport sur l’état de l’économie mondiale pour l’année à venir. En 2025, le changement de la politique de l’offre, l’impact de l’intelligence artificielle, la perte de vitesse du multilatéralisme ou encore les tensions géopolitiques auront des conséquences, plutôt négatives, sur les agriculteurs français et européens.
Le service économie et prospective de Chambres d’agriculture France résume les principaux points de cette publication, mettant en évidence les impacts du contexte économique mondial 2025 sur le secteur agricole. Car si les conséquences de la crise liée à la pandémie de Covid 19 semblent désormais dépassées, pour autant, « c’est à de nouveaux défis que l’économie mondiale est confrontée car ces chocs d’offre sont appelés à se multiplier, avec la crise écologique et les tensions géopolitiques », souligne le CEPII dans l’introduction de l’ouvrage.
Des « chocs d’offre »
Premier tournant pour l’avenir de l’économie mondiale : un changement de la politique de l’offre, décrypte Zeineb Cherif, du service Etudes économiques et prospectives de Chambres d’agriculture France.
Le rôle des Etats s’avère de plus en plus croissant, avec des investissements massifs notamment aux Etats-Unis et en Chine. Face à ces stratégies, l’Europe décroche, n’étant pas en capacité de rivaliser avec ces investissements massifs, « ce qui peut compromettre sa position dans des secteurs clés, y compris le secteur agricole », précise Zeineb Cherif.
L’avenir des échanges menacé
En parallèle, la montée des accords plurilatéraux et des tensions géopolitiques menace les échanges et donc les exportations de produits agricoles. Le CEPII constate ainsi que « beaucoup de mesures prises ces dernières années contreviennent aux règles fondamentales du multilatéralisme » (droits de douane appliqués par les Etats-Unis aux produits chinois, subventions chinoises dans le secteur industriel sans notification à l’OMC…), sans compter le risque, en cas d’élection de Donald Trump, d’enclencher un cycle de décisions protectionnistes.
Les agriculteurs français fragilisés
« Le manque d’investissement dans les technologies de pointe freinent l’innovation et donc désavantagent nos agriculteurs », explique ainsi Zeineb Cherif, puisque leur productivité et leur compétitivité s’en trouvent réduites face aux agriculteurs étrangers.
En outre, les coûts croissants de la transition écologique fragilisent les producteurs français qui font également face à la volatilité des marchés et subissent les conséquences du changement climatique. Une pression supplémentaire s’exerce sur le marché mondial en raison des difficultés de la Chine à écouler ses produits sur son marché domestique. En effet, les investissements des pays pour relocaliser leur production font que « la stratégie de croissance chinoise orientée sur les exportations, en mal de débouchés, ne reçoit plus le même accueil sur les marchés étrangers que par le passé. Le protectionnisme s’affirme et les tensions avec la Chine se multiplient », précise le CEPII.
Face à ces défis, « il est crucial de redéfinir la politique de l’offre », et urgent que « l’Europe développe une industrie solide qui intègre les enjeux de la transition écologique et soutienne ses acteurs agricoles », conclut Zeineb Cherif.