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Série diversification/accueil à la ferme

L’EARL La Roumagère profite de la grotte de Lascaux pour remplir ses trois gîtes


TNC le 12/07/2019 à 06:08
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Montignac, en Dordogne, attire près d’un demi-million de visiteurs par an. Et pour cause, c’est là que se situe la célèbre grotte de Lascaux. Pour répondre à la demande croissante en hébergements, Françoise et Laurent Mathieu, agriculteurs sur la commune, ont bâti trois gîtes. À la retraite depuis 2010, ces éleveurs laitiers ont passé le flambeau à leur fils Fabien, en cours d’installation. L’accueil des touristes est désormais une activité à part entière sur l’exploitation.

Producteurs laitiers jusqu’en 2010, Françoise et Laurent Mathieu habitent Montignac, dans le département de la Dordogne. « Nous avions 80 vaches sur 70 ha et 5 ha de tabac blond, détaillent-ils. Aucun de nos enfants n’ayant manifesté le souhait de reprendre la ferme, nous avons vendu le troupeau. » Déjà double actif, Laurent Mathieu se consacre à son activité salariée et à son mandat de maire de la commune. Quelques années plus tard, leur fils Fabien se décide finalement à s’installer sur l’exploitation. Il termine un BTS et envisage une activité de polyculture-élevage en bio. Début 2018, L’EARL La Roumagère commence à reconstituer un cheptel de vaches limousines. Fabien a aussi en projet une production de légumes et la mise en place d’une houblonnière.

Maire de Montignac depuis 2008, Laurent Mathieu sait que le village manque d’hébergements. « Lascaux attire un demi-million de visiteurs par an, rappelle-t-il. À l’époque où nous avons commencé à penser aux gîtes, la commune comptait moins d’une centaine de lits. Je souhaitais mettre en pratique la politique que je défendais : favoriser les logements touristiques ». Le couple ne cache pas non plus avoir l’objectif de se constituer un complément de retraite pour l’avenir. Un an d’étude est nécessaire avant que l’initiative n’aboutisse. En 2016, ils répondent à un appel à projets de la région Nouvelle-Aquitaine, qui leur permettra d’obtenir 30 000 € d’aides. L’investissement total se monte à 150 000 €, soit 40 000 € par gîte et 30 000 € d’équipement. La première location date d’août 2017.

Début 2018, L’EARL La Roumagère commence à reconstituer un cheptel de vaches limousines. (©Nicolas Mahey)

Les clients aiment le côté « nature »

Nous ne voulions surtout pas dénaturer le site

Les gîtes sont construits sur une parcelle arborée de 3 ha, dont les Mathieu sont propriétaires. Un terrain où se dresse un magnifique chêne vert, arbre emblématique du Périgord. « Nous ne voulions surtout pas dénaturer le site, insistent les époux. Il n’y a eu ni aménagements paysagers ni fleurissement excessifs. Nos clients aiment ce côté « nature ». » L’ensemble se compose de trois bâtiments en bois (45, 50 et 60 m2) et d’une laverie, conçus sur plans par une entreprise spécialisée. Les chalets, livrés sur place, sont assemblés par Laurent Mathieu et son fils. Une demande de permis de construire est déposée, alors que ce type d’habitation classée « loisir » n’en nécessite pas. Laurent Mathieu ne demande pas non plus d’aides à la commune : « En tant que maire, je ne voulais pas être accusé de m’être octroyé un passe-droit. »

Les gîtes du Chêne Vert sont situés au milieu de ces arbres emblématiques du Périgord d’où ils tirent leur nom. (©Nicolas Mahey)

Principale difficulté : créer un chemin d’accès carrossable en voiture, sur une longueur de 150 m. Le terrain est situé en haut d’un coteau où l’on n’accède qu’avec difficulté en tracteur. « Ici, la roche est très dure. J’avais peur que cela revienne trop cher, reprend Laurent Mathieu. J’avais estimé le coût à 15 000 €, le devis a finalement été de 5 000 €. » 200 m de tranchée sont également creusés pour l’eau et l’électricité (12 000 €). Autre problème, impossible d’enfouir une fosse septique classique. Ce sera un modèle à filtration coco, « un système coûteux ». S’ils ne pensent pas construire de piscine, un spa est à l’étude, notamment pour contenter les touristes en hiver. La famille envisage aussi de proposer des visites de la ferme et de constituer un parc d’animaux atypiques. Une idée qui leur est venue devant le succès rencontré par Johnny, le cochon de Fabien : « Nos clients l’adorent. C’est un habitué des selfies ! »

L’objectif des éleveurs : 350 à nuitées par an

Prévus pour recevoir quatre personnes, chacun des gîtes possède sa propre personnalité, grâce aux talents de décoratrice de Françoise qui aime rénover de vieux meubles et marier le neuf et l’ancien. L’accent est aussi mis sur les équipements : cuisine sur-mesure, véranda, domotique, climatisation réversible…  « Et la literie doit être impeccable. Pour un matelas avec sommier, il faut compter 880 € minimum en taille 160. » Les réservations passent par Airbnb et Booking, essentiels pour être visible, notamment des clients étrangers. Des plateformes incontournables, mais chères : la commission est de l’ordre de 15 à 18 %.

Cuisine sur-mesure, véranda, domotique, climatisation réversible… les producteurs ont mis l’accent sur les équipements. (©Nicolas Mahey)

L’objectif des éleveurs : 350 à nuitées par an pour les trois chalets. Avec un tarif compris entre 60 € par nuit en basse saison et 120 € l’été, Laurent, Françoise et Fabien visent 30 000 € de chiffres d’affaires par an. « Les équipements seront amortis sur cinq ans, les structures sur 10. D’ici là, on dégage environ 50 % du chiffre d’affaires ». Les principales charges sont l’eau, l’électricité, les taxes foncières et de séjour (5 % du prix d’une nuitée).

Quant aux contraintes, elles concernent surtout la gestion du linge, particulièrement le repassage, très chronophage. « Nous allons certainement acheter un rouleau. Il faut aussi avoir suffisamment de draps. » Répondre aux questions des clients par internet prend parfois du temps, mais l’accueil des touristes sur la ferme est toujours un moment apprécié : « Humainement c’est très enrichissant. Avec les étrangers, on se débrouille toujours pour communiquer. On parle très bien le « franglais » ! », s’amuse Fabien.

« La literie doit être impeccable, insistent les éleveurs. Pour un matelas avec sommier, il faut compter 880 € minimum en taille 160. »(©Nicolas Mahey)