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Blé, tournesol, aluminium

Le rôle clé de l’Ukraine et la Russie pour ces matières premières stratégiques


AFP le 07/03/2022 à 15:50
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Les cours mondiaux flambent depuis le début du conflit ! (©Pixabay)

Blé et tournesol, ou titane, aluminium et nickel : la Russie et l'Ukraine jouent un rôle clé dans l'approvisionnement mondial en matières premières stratégiques, à usage industriel ou alimentaire.

Depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine, les cours mondiaux de nombre d’entre elles ont flambé à des niveaux jamais vus.

Gaz et pétrole

La Russie est l’un des premiers producteurs mondiaux de gaz et de pétrole, et les investisseurs s’affolent d’éventuelles ruptures d’approvisionnement en hydrocarbures.

Pour l’instant, les sanctions économiques évitent soigneusement le secteur de l’énergie, mais les États-Unis, moins dépendants que l’Europe grâce à leur production nationale, évoquent désormais une interdiction d’importer du pétrole russe. La Russie est le deuxième exportateur mondial de brut.

Les cours du pétrole, qu’il s’agisse du Brent de mer du Nord ou du WTI américain, se sont approchés lundi de leurs plus hauts historiques, dépassant brièvement 130 dollars le baril pour la première fois depuis 2008.

Le prix du gaz atteint le même jour un record historique en Europe, à 345 euros le mégawattheure. L’Union européenne importe 40 % de son gaz de Russie.

Produits agricoles : la Méditerranée dépendante de la mer Noire

La Russie, devenue en 2018 le premier exportateur mondial de blé, est « cruciale » pour alimenter la planète mais les capacités d’exportation de l’Ukraine inquiètent également. Les deux pays sont un « grenier à céréales » pour le reste du monde.

En Europe, le cours du blé flambe depuis le début du conflit pour atteindre lundi un prix inédit, à 450 euros la tonne.

L’Ukraine, quatrième exportateur mondial de maïs, était en passe de devenir le 3e exportateur de blé derrière la Russie et les États-Unis.

Pour faire sortir les céréales du pays sans passer par les ports, « l’opérateur des trains (ukrainien) veut exporter par le réseau ferré du blé, du maïs et du tournesol vers les pays voisins (Roumanie, Hongrie, Slovaquie et Pologne », commente le courtier Inter-Courtage dans une note.

D’autres pays comme la Bulgarie prennent des mesures pour limiter les exportations, la Hongrie a même interdit les ventes à l’étranger de céréales, ce qui contribue à resserrer l’offre d’un marché déjà très tendu avant l’invasion.

L’approvisionnement en céréales des pays comme l’Égypte, l’Algérie ou d’Afrique sub-saharienne, de plus en plus dépendants des blés russes et ukrainiens, « risque de poser problème si les bateaux transportant les blés originaires de la mer Noire sont arrêtés » avertit Philippe Chotteau, chef économiste de l’Institut de l’Élevage à Paris.

« Le Liban dépend à 50 % pour son alimentation du blé russe et ukrainien. C’est dire si pour certains pays, cela va être plus dramatique que pour nous, les hausses de prix. Là-bas, ce seront des pénuries », craint aussi Christiane Lambert, présidente de la première organisation représentant les agriculteurs en Europe, la Copa-Cogeca.

Selon le cabinet spécialisé Agritel, « c’est sur l’huile de tournesol que pèse le plus grand danger ». Célèbre pour ses champs de tournesol à perte de vue, l’Ukraine est premier producteur mondial de l’oléagineux et premier exportateur mondial de son huile et « la situation est très tendue sur le marché mondial des huiles », analyse Sébastien Poncelet, expert chez Agritel.

Métaux : automobile et aéronautique en première ligne

Les métaux industriels « les plus exposés » aux sanctions de la Russie par la communauté internationale sont l’aluminium, le nickel et le palladium, estime Capital Economics.

Le groupe russe Rusal est le deuxième producteur industriel d’aluminium du monde. Ce métal a atteint un nouveau record historique lundi sur la Bourse des métaux de Londres (LME), à 4.073,50 dollars la tonne.

Pour le nickel, il y a Nornickel Norilsk, dirigé par l’oligarque Vladimir Potanine. En 2019, la Russie était le troisième producteur de minerai de nickel derrière l’Indonésie et les Philippines, mais elle est en deuxième position pour le nickel raffiné, derrière la Chine.

Après l’invasion militaire, Capital Economics estime que 7 % du marché mondial du nickel raffiné « pourrait être affecté » par d’éventuelles sanctions.

Or, le métal, qui bat aussi des records sur les marchés, est l’un des plus demandés sur la planète dans les usines de batteries électriques, censées permettre à l’industrie automobile d’abandonner le pétrole.

Pour le palladium, qui décroche également un record absolu à 3.442,47 dollars l’once, dont la Russie contrôle 50 % du marché mondial, l’automobile est aussi en première ligne. Il est utilisé pour la fabrication des pots catalytiques.

Le titane, métal prisé des avionneurs pour sa légèreté et sa très haute résistance, est également un enjeu indirect du conflit. La société russe VSMPO-Avisma, fondée en 1941 dans l’Oural, est le premier fournisseur de l’aéronautique mondiale, selon le directeur général du motoriste aéronautique Safran, Olivier Andriès, qui dit disposer de « quelques mois de stocks » devant lui.

Pour suivre les évolutions des cours des matières premières agricoles, rendez-vous sur les cotations Agri Mutuel.