Accéder au contenu principal
Plan d'action climat

Le ministère de l’agriculture publie son plan pour réduire les émissions de CO2


AFP le 23/06/2021 à 17:04
fiches_paysage_rural_

Le ministère de l'agriculture et de l'alimentation a publié mercredi son « plan d'action climat », censé permettre à la France d'atteindre ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. [Article mis à jour le 24/06/2021 à 10h00]

Le Premier ministre, Jean Castex, avait demandé en fin d’année dernière à quatre ministères – transition écologique, agriculture, économie et finances, cohésion des territoires – de rédiger cette feuille de route.

La production alimentaire représente un quart des émissions mondiales de gaz à effet de serre, la plupart issues de l’agriculture et plus particulièrement de l’élevage, via les rejets de méthane des bovins et les déjections. 

« Alors que la quasi-totalité de notre pays a été frappée par des violents épisodes de gel en avril dernier et que nous connaissons désormais chaque année de fortes périodes de sécheresse, le changement climatique est évidemment au cœur de nos préoccupations », souligne le ministre de l’agriculture, Julien Denormandie, en introduction du document d’une quarantaine de feuillets.

Régulièrement taxé par des organisations de défense de l’environnement de favoriser l’immobilisme, le ministère y défend les actions engagées, notamment avec les crédits du plan de relance.

Il se dit d’abord décidé à « accélérer le développement de pratiques agricoles permettant d’atténuer » les émissions : réduction de l’utilisation des engrais de synthèse, valorisation des effluents pour produire de l’énergie (méthanisation), accroissement des surfaces en agriculture biologique mais aussi à « Haute valeur environnementale » (HVE)… Créée par le ministère, cette certification HVE est associée par ses détracteurs à un label de « greenwashing ». Pour augmenter le « potentiel de séquestration du carbone dans les sols agricoles », le ministère défend notamment la plantation de haies et la préservation des prairies permanentes. Il souligne aussi la nécessaire « évolution des connaissances, outils et compétences », via la recherche et l’enseignement agricole, pour favoriser l’adoption de « nouvelles pratiques ».

Ce plan « sera actualisé régulièrement pour tenir compte de l’avancement de ces actions et l’atteinte des objectifs », souligne le ministère dans un communiqué. 

C’est une « déception » pour le Réseau action climat, qui fédère des ONG. Il y voit un « agrégat des politiques actuellement en place sans rien de nouveau » alors que ces politiques « ne permettront pas d’atteindre l’objectif de division par deux des émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole », selon un communiqué. Le Réseau regrette que « le plan ne se dote d’aucun objectif de réduction de la consommation d’engrais azotés de synthèse », « deuxième poste d’émissions de gaz à effet de serre de l’agriculture ». Ou encore qu’aucune mention ne soit « faite de la nécessaire mutation en profondeur de l’élevage vers le « moins et mieux » de production et de consommation de viande ».

Le financement de la politique agricole de la France repose en grande partie sur les fonds de la politique agricole commune (Pac), dont la nouvelle mouture est encore négociée à Bruxelles. Dans un rapport publié lundi, la Cour des comptes européenne estime que l’UE a échoué à réduire les émissions de gaz à effet de serre de l’agriculture, en dépit des sommes allouées à la lutte contre le changement climatique.